Elle est ouverte depuis quelques jours seulement et fait déjà l'unanimité. La première maison hospitalière de l'Ordre de Saint-Jean accueille des patients et des familles depuis début septembre sur le site même du centre hospitalier Lyon Sud, à Pierre-Bénite. 


Rien ne distingue à première vue le "bâtiment 1L" des autres petits bâtiments éparpillés sur le vaste site de l’hôpital Lyon Sud, à Pierre-Bénite. La toute première maison hospitalière Saint-Jean de la région a ouvert ses portes début septembre. Entourée d’arbres, la bâtisse avec sa vue imprenable était autrefois réservée aux internes du centre hospitalier. Aujourd’hui, rafraîchie et transformée, elle accueille un tout autre public : des patients, des familles ou des accompagnants. Les HCL ont fait appel à l’Ordre de Saint-Jean pour métamorphoser l’intérieur de ce pavillon déjà initialement doté de chambres. Le bâtiment des internes est devenu une maison hospitalière. Une transformation qui a nécessité plusieurs mois de travaux et un investissement global de 1,7 million d’euros.

Maison hospitalière: les HCL ont fait appel à l’Ordre de Saint-Jean

 « Nous avions une petite maison avec 8 chambres, juste à l’extérieur de l’hôpital, et la capacité d’accueil n’étaient pas suffisante. C’est l’hôpital qui nous a sollicité parce qu’ils avaient vraiment besoin de développer l’ambulatoire, » explique Odile Chomiac de Sas, Directrice des Maisons de Saint-Jean.
L’ancienne petite maison Saint-Jean située chemin du Grand Perron, autrefois gérée par une association locale avant d’être récupérée par l’Ordre de Saint-Jean, a aujourd’hui bel et bien fermé ses portes. Elle vient tout juste de laisser place à cette nouvelle structure, plus grande et implantée dans l’enceinte même du centre hospitalier. La maison Saint-Jean de l’hôpital Lyon Sud, ce sont 765 mètres carrés qui ont été aménagés sur deux étages. Elle dispose de 18 chambres, dont une accessible aux personnes à mobilité réduite.

L’Ordre de Saint-Jean, qui a une tradition séculaire d’hospitalité depuis le XIe siècle, gère aujourd’hui une dizaine de maisons de ce type en France. Notamment à Bordeaux, Montpellier, Nantes ou encore en région parisienne. Une expérience solide. C’est la raison pour laquelle la direction de l’hôpital Lyon Sud a fait appel à l’association afin de mener à bien ce projet de maison hospitalière. C’est un endroit que tous ont voulu à la fois accueillante et apaisante pour les résidents. L’établissement de Lyon Sud est le premier de la région Auvergne Rhône-Alpes.


« Comme à la maison… »


Dès l’entrée, le ton est donné avec un hall d’accueil vitré et un vaste espace ouvert. La maison dispose d’un salon cosy, d’un espace enfants avec jeux et d’une vaste cuisine équipée qui fait office de salle de repas. Dans cette pièce lumineuse avec vue, les résidents vont et viennent à l’heure du repas. Du plan de travail, à l’évier et aux tables de cuisson. Dans les réfrigérateurs et les casiers, chacun dispose de son espace. Sur la terrasse, on profite des rayons du soleil dès le matin.
Dans la Maison Saint-Jean, les porteurs du projet ont réalisé des pièces communes conviviales aux couleurs apaisantes. Du vert, du bleu, du beige, du gris qui participent à créer une atmosphère douce. Exit les néons et la lumière froide de l’hôpital. Dans le salon, une grande fresque fait écho au dispensaire de l’Ordre de Saint-Jean qui se trouve à Madagascar. La décoration élégante et épurée a été soignée. On pourrait se croire dans un hôtel dernier cri …

« On ne veut pas parler d’hôtel. On est une maison d’accueil pour les familles de malades et le terme maison est très important, » précise Odile Chomiac de Sas, « c’est une maison hospitalière. Le terme hospitalité est très important. On prend soin de la personne. Ce n’est pas quelqu’un d’anonyme, qui arrive et à qui on donne sa clef. On a un accompagnement des familles, c’est essentiel ».
Sobriété aussi dans les 18 chambres avec salles de bains qui disposent chacune de deux lits. On peut aussi partager sa chambre pour alléger la facture. Particularité de la Maison Saint-Jean, c’est un hébergement au tarif solidaire.   
Si l’hôpital Lyon Sud a dédié un pavillon à ce projet de maison hospitalière et effectué les gros travaux, c’est l’association l’Ordre de Saint-Jean qui l’a décoré et en assure le fonctionnement au quotidien grâce à ses salariés et ses bénévoles. Du personnel soucieux des résidents, vigilant et attentif aux petits signes de découragement. « On souhaite que ce soit un lieu de vie apaisant », résume Odile Chomiac de Sas. La Directrice des Maisons de Saint-Jean est d’ailleurs présente durant le mois de septembre à Lyon pour accompagner, expliquer et faire connaissance avec les résidents.
 
 

Un lieu de vie et un havre de paix


La première à avoir occupé les lieux, c’est Patricia Auger. Elle a été « la première à obtenir une clef de chambre, la première résidente à taper le code d’accès de la porte d’entrée ! » raconte-t-elle avec émotion. Patricia est venue de Dordogne pour pouvoir se trouver au chevet de sa fille Emilie, hospitalisée en soins palliatifs dans un bâtiment tout proche. Dans ce havre de paix, Patricia peut se ressourcer, entre deux visites à sa fille. Une chance que Patricia mesure et apprécie : « le fait de pouvoir s’évader un peu des couloirs de l’hôpital, de trouver ce lieu-là permet de se poser, de décompresser… ».
Si toute la fratrie se retrouve ce jour-là dans la maison Saint-Jean pour un repas commun, Patricia était déjà là depuis dix jours. Alors l’accueil dans ce lieu, pour la mère courage, c’était une évidence : « Ça fait un sas. Aujourd’hui ma famille est là mais tout le reste de la semaine j’ai été seule confrontée à des choses très dures ». La résidente dit apprécier de rentrer le soir et de pouvoir voir du monde, « simplement pour parler de la pluie et du beau temps. » L’important pour elle ne pas se retrouver « seule comme dans une chambre d’hôtel ». Et la mère de famille résume très sombrement : « Dans une chambre d’hôtel, on rentre et on est face à son lit ! ».  
Pour Patricia, plus que la maison et sa configuration, c’est la présence des autres résidents de passage qui a aussi un réel pouvoir apaisant et réconfortant. Même si elle a bien conscience que « ces liens sont éphémères ».  
Dans ce lieu de vie hors de l’hôpital et du médical, les rapports se tissent petit à petit entre résidents. « Au début on se parle, on se dit bonjour. Puis ensuite on s’entraide, par des petits détails. On s’encourage, on se rassure, » explique-t-elle. « Le simple fait de partager une tisane ou de dire – est-ce que je peux me joindre à vous ? – ça crée un échange. » La maison Saint-Jean facilite généralement les contacts et la communication. Difficile alors de rester murer dans sa solitude. Et Patricia reste intarissable sur le sujet : « On est tous dans la souffrance mais on se souhaite des belles journées, on se retrouve le soir … on vit quoi ! Parce qu’il y a quand même la vie ! Et cette maison elle vit ! ».

 

Quel intérêt pour les HCL et l’hôpital Lyon Sud ?


Cette maison, au milieu des services hospitaliers de Lyon Sud, est ouverte aux personnes souhaitant rester auprès d’un proche hospitalisé. Outre les familles et les accompagnants, cette maison non médicalisée accueille les patients "avant" ou "après" leur séjour hospitalier, notamment ceux dont la résidence est éloignée de l’hôpital.  Cet accueil permet par exemple au patient, en chirurgie ambulatoire, de passer la nuit "comme à la maison", plutôt que dans l'environnement de l'hôpital. Un confort pour le patient mais aussi des économies pour l’hôpital. Pour le patient, c’est le médecin de l’hôpital qui préconise cette nuitée dans la maison hospitalière. Pour les accompagnants ou familles, elles contactent directement la maison Saint-Jean.

« Cet hôtel hospitalier est destiné aux patients qui viennent pour subir une chirurgie ambulatoire, un examen post-opératoire et qui habitent loin et qui peuvent ainsi passer une nuit dans un environnement serein et convivial qui ne génère pas chez eux le stress d’une nuit dans un environnement hospitalier ».

Pour un hôpital comme Lyon Sud l’ouverture d’une telle structure au sein même de l’établissement a plusieurs avantages selon Fabrice Ormancey, directeur adjoint du centre hospitalier. La maison hospitalière profite avant tout au patient: « C’est avant tout d’avoir un environnement serein, non générateur de stress pour le patient qui se retrouve avec ses proches et ses accompagnants avant d’entrer à l’hôpital et de subir une intervention chirurgicale, dans le cadre de la chirurgie ambulatoire. » Mais pas seulement…
Pour l’hôpital, c’est la possibilité de « pouvoir développer ses activités ambulatoires » et ainsi permettre de « libérer des lits et les rendre disponibles pour diminuer les files d’attente dans les établissements de santé et développer l’offre de soins ». A la clef aussi des économies pour l’assurance maladie : « le coût d’une nuit passée à la maison hospitalière est sans aucune mesure comparable avec le coût d’une nuit passée dans un établissement de santé ».
Pour l’heure, le prix de la nuit en Maison hospitalière n’est pas pris en charge par la sécurité sociale. « En revanche, les patients peuvent bénéficier d’une prise en charge par leur mutuelle, » explique Fabrice Ormancey. « L’hôpital souhaite réserver des places à l’année dans cette structure, ce qui permettrait au patient de ne plus avoir de reste à charge pour un certain nombre d’interventions ».

C’est un concept qui pourrait se développer dans la région. « On aura une évaluation sur le fonctionnement de cette maison hospitalière en lien avec l’Agence régionale de santé, » indique le directeur adjoint du centre hospitalier. « C’est un concept que les Hospices Civils de Lyon souhaitent développer. Dans leur projet d’établissement qui courent jusqu’en 2023, deux autres projets sont prévus ».
 
Preuve de son succès, quelques jours après son ouverture, la Maison Saint-Jean de Lyon-Sud était déjà occupée par 14 résidents.
 
Pratique
Les tarifs solidaires de la Maison Saint-Jean : 
>> chambre individuelle : 40 euros
>> chambre avec accompagnant(s) du patient : 50 euros pour deux personnes ; 60 euros pour trois personnes
>> chambre partagée avec un autre résident : 25 euros par personne

Le coût de la nuitée comprend le petit déjeuner. Chaque chambre dispose d’une salle de douche et de toilettes. Les draps et serviettes sont fournis. La maison dispose aussi d'une buanderie (lave-linge, sèche-linge, repassage).

Maison hospitalière Saint-Jean (bâtiment 1I)
Hôpital Lyon Sud
165 chemin du Grand Revoyet
69 310 Pierre-Bénite

Par téléphone au 04 72 66 25 70 du lundi au vendredi : de 9h à 13h et de 15h à 18h
maisonhospitaliere.lyon@gmail.com 
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