Sur le parvis du tribunal judiciaire de Lyon, des avocats, magistrats et greffiers tiennent portes ouvertes. Objectif de cette journée nationale : expliquer au public leurs métiers, mais aussi répondre aux attaques qui ont malmené l'institution.

Deux rendez-vous étaient fixés ce mardi 29 juin 2021. Le premier à 10h, le suivant à 13h30. Comme dans une trentaine d'autres juridictions de France, les professionnels du tribunal judiciaire de Lyon proposaient une journée portes ouvertes pour "donner à voir Notre Justice". L'idée consiste à faire découvrir à tout un chacun les rouages de l'institution. Mais c'est aussi et surtout l'occasion pour tous ceux "qui font la Justice", de répondre publiquement aux attaques et accusations de laxisme.

"Faire connaitre la Justice telle qu'on l'a pratique"

Véronique Drahi est déléguée régionale du syndicat de la magistrature. Son métier : juge des litiges du quotidien. "Vous savez ce qu'est un litige ?" demande-t-elle à trois jeunes filles. Réponse : "non". Alors, la magistrate explique, donne des exemples. "Un litige, c'est un conflit entre deux personnes. Et un litige du quotidien peut concerner un bail d'habitation avec un locataire qui ne paye plus son loyer." Véronique Drahi les accompagne ensuite vers une salle d'audience. Les trois adolescentes vont ainsi pouvoir découvrir de manière concrète les rouages de la Justice.

Pourquoi cette journée portes ouvertes ? "On souhaitait montrer aux justiciables notre professionnalisme, leur expliquer notre quotidien. Leur ouvrir cet espace pour voir concrètement ce qu'est la Justice, découvrir nos métiers et nos difficultés", nous répond la représentante de la magistrature. En tout, huit organisations syndicales, représentant aussi bien les avocats, greffiers et magistrats, se sont associées pour cette journée d'accueil du public. L'intersyndicale lève le voile sur le fonctionnement de l'institution judiciaire. Elle entend également prendre position face aux réformes et attaques publiques.

"On ne se reconnait pas dans le discours des médias et des hommes politiques actuellement. Et on s'est dit, comment les justiciables peuvent s'y retrouver ?" précise Véronique Drahi. Ainsi à germer l'idée d'une journée portes ouvertes, d'inviter les concitoyens à se faire une idée par eux-mêmes.

"Porter notre idéal de Justice"

"Notre situation est à l’image de la justice française dans son ensemble, parmi les dernières du classement des Justices en Europe, tant au regard du budget qui lui est consacrée par an et par habitant, qu’au regard du nombre de fonctionnaires de greffe, de juges et de procureurs." Le constat est partagé par l'ensemble des acteurs du tribunal judiciaire de Lyon.

Les greffiers qui "croulent sous les piles de dossiers, et dont les vacances de postes ne sont que rarement comblées." Les avocats dont les interventions et "débats oraux sont de plus en plus réduits". Des contractuels "qui ne peuvent pas tenir audience". Cette situation au tribunal judiciaire de Lyon amène l'intersyndicale au constat d'un "fossé entre nos diagnostics sur les mesures qu’il conviendrait de prendre afin de rendre une justice de qualité dans des délais raisonnables, et les réformes qui s’accumulent, sans cohérence, imposant des réorganisations continuelles que les juridictions ne sont plus en mesure d’absorber."

Sur le parvis du tribunal de Lyon, une pyramide a été installée pour cette journée. Elle symbolise l'engorgement de la Justice. La déléguée régionale du syndicat de la magistrature souligne l'importance de ce mouvement unitaire afin d'alerter sur "le besoin impérieux que nous avons d'avoir plus de moyens. On a besoin de moyens pérennes, de magistrats, de greffiers. Et pas ces sucres rapides que notre ministre nous a donnés.

Cette journée portes-ouvertes a permis au grand public d'assouvir sa curiosité, aux justiciables de poser directement les questions aux acteurs de la Justice. Avocats, magistrats et greffiers, parfois face-à-face dans l'exercice de leur métier, ont fait front commun pour dénoncer une forme d'injustice : "les attaques dont on fait l'objet ne ressemblent pas à notre quotidien", résume Véronique Drahi.

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