A Lyon, au coeur du Parc de la Tête d'Or, un piano trône depuis dix ans sous un kiosque à musique. Chaque semaine, un jeune accordeur vient entretenir l'instrument, pour que chaque promeneur puisse à sa guise laisser courir ses doigts sur le clavier.
Les jours de beau temps, au cœur du parc de la Tête d'Or à Lyon, tout se met à jouer : les rayons du soleil entre les feuilles des arbres, les reflets de l'eau sur les visages des promeneurs et les notes d'un piano avec le chant des oiseaux...
Un piano incongrûment planté sous un kiosque de bois ouvert aux quatre vents. Pas un bastringue au clavier édenté, non un vrai piano droit, robe noire luisante et touches au complet. Depuis trois ans, Ugo Mitterrand est l'accordeur de ce piano champêtre, mis à la disposition de tous les musiciens en balade, qu'ils soient débutants ou pianistes au grand jeu.
Pianos de gare et piano de jardin
Et si l'instrument sonne toujours juste, c'est grâce à ce jeune accordeur, qui vient une fois par semaine chasser les canards en réglant chaque corde avec minutie. Plus d'une heure de travail à chaque fois. "Il faut équilibrer chaque fréquence, chaque intervalle sur les octaves" explique Ugo en réajustant la tension des cordes avec une clé. "Ensuite, on va développer les octaves sur le piano. Ma récompense, c'est d'être le premier après chaque séance à disposer du piano parfaitement accordé !"
La passion d'Ugo pour le piano est née.. dans les gares, sur les pianos mis à disposition de tous depuis quelques années. Lorsqu'il a découvert ce piano installé en extérieur au beau milieu du Parc de la Tête d'Or, ce fut une sorte de coup de foudre. "Les gens qui passent, que ce soit dans un hall de gare ou ici, entendent la musique et un dialogue se crée..."
De cette passion est née une vocation. Ugo est actuellement en apprentissage pour devenir accordeur professionnel. "J'avais envie de faire un métier artisanal. Et en regardant l'intérieur du piano par curiosité, j'ai eu envie de comprendre comment ça fonctionnait et d'apprendre à le régler par moi-même" précise-t-il entre deux arpèges. "Devenir accordeur, c'était en quelque sorte une suite logique".
Dix années de musique en plein air
Installer un piano en extérieur, l'idée est quand même bizarre. Dix ans pourtant que le piano du Parc campe dans le kiosque et il tient toujours la note, malgré le mauvais temps qui passe.
Pour Adrien Tisserand, le président de l'association Autour du Piano d'Or qui a installé le piano sous le kiosque, "mettre un piano en extérieur, personne n'y croyait à cause des variations climatiques, de la façon de jouer des passants, des dégradations, etc. C'est compliqué c'est vrai, mais on y arrive. Évidemment, ce n'est pas un piano de concert,, il n'a pas un niveau sublime mais il sonne juste et apporte du bonheur aux gens. Et c'est la priorité absolue."
Sur ce piano champêtre en libre-service, chacun ose jouer ce qui lui ressemble : des premiers morceaux à deux doigts jusqu'aux compositions uniques de pianistes confirmés. Et aucun oiseau n'est encore venu se plaindre des fausses notes...