Accusée du meurtre de son mari : "acte de survie et importantes circonstances atténuantes", plaide son avocate aux assises du Rhône

Le 21 septembre 2018, le corps de Michel Zirafa est retrouvé sans vie dans sa maison de Thurins (Rhône). L’homme a été tué d’une balle dans la tête. Son épouse, Rose Filippazzo, n’avouera le meurtre que sept mois plus tard. Le procès de celle qu'on surnomme "la veuve noire" s'ouvre ce mercredi 2 novembre.

Un "acte de survie", voilà les termes employés par Me Janine Bonaggiunta, avocate de Jacqueline Sauvage et désormais de Rose Filippazon. Si cette juriste, spécialisée dans la défense des femmes meurtrières victimes de maltraitance, a accepté l'affaire de la "veuve noire", c'est parce qu’elle considère sa cliente "comme une victime", une femme prise dans "une relation très toxique". Ce mercredi 2 novembre, Rose Filippazzo, 50 ans, comparaît devant les Assises du Rhône. Elle est accusée du meurtre de son conjoint, Michel Zirafa, mort en septembre 2018. Elle ne plaidera pas la légitime défense mais "d'importantes circonstances atténuantes", a précisé l'avocate en arrivant au tribunal, ce 2 novembre 2022.  

Une idylle adolescente

En 1990, Rose Filippazzo a 18 ans et Michel Zirafa, 15 ans et demi. Elle et lui s’aiment, follement. Les deux vivent une idylle adolescente, une histoire d’amour banale… à l’exception près qu'ils décident de se marier malgré leur jeune âge. De leur union, naissent deux filles, Sandrine et Lisa. Lui devient artisan-maçon, quand elle, est à la tête d'une pizzeria. La famille habite à Thurins, dans le Rhône.

Au fil des années, le couple se déchire, sans parvenir à rompre complètement. Rose a un amant. Michel l’apprend en janvier 2017. Il décide démolir la pizzeria qu'elle gère et assène des coups à sa compagne. Dès lors, les deux vivent dans deux foyers séparés, tout en restant mariés. Rose continue à voir son amant. Et Michel côtoie de son côté plusieurs femmes. Le couple se retrouve, se rabiboche puis se sépare, à plusieurs reprises. Les 28 ans d’une vie (peu) commune s’éteindront en un coup de feu.

Des violences au sein du couple

 "Mon mari est mort ! Allez voir quand même s'il respire !", lance Rose dans les rues de Thurins. Le 21 septembre 2018, elle vient de découvrir le corps inanimé de Michel. Rose Filippazzo est alors entendue par les enquêteurs en tant que témoin. Elle raconte la vie de couple tumultueuse, les violences qu’elle subit, son amant, les aventures supposées de Michel. Les filles, entendues elles aussi, livrent leur vision de leurs parents. Sandrine, l’aînée, estime que Michel et Rose vivaient encore ensemble. Lisa, elle, parle d’une jalousie "réciproque" dans le couple. A ce stade, ni l’une, ni l’autre, n’évoque des violences.

Pourtant, l’enquête révèle que Rose avait dénoncé le harcèlement qu’elle subissait en juillet 2017. Quelques mois après la dispute brutale dans la pizzeria, la compagne avait raconté les insultes, les appels, et les violences physiques commises par Michel. Un soir, l’homme aurait jeté sa compagne par terre, et leur fille Lisa, se serait interposée entre les deux époux. En garde à vue, Michel avait nié les faits qui lui étaient imputés, mais avait admis avoir frappé Rose en janvier de la même année après avoir découvert sa relation extraconjugale.

Des aveux sept mois plus tard

Après la mort de Michel, les auditions des proches se succèdent. Les témoignages, recueillis de part et d’autre, révèlent une agressivité au sein du couple. Certains affirment que l’épouse a pu être violente, d’autres récusent cette version, pointant du doigt la brutalité de Michel. L’enquête révèle aussi que, quelques jours après le meurtre, Rose Filippazzo avait cherché à récupérer une assurance vie, contractée son mari en 2017. Sans succès. Michel avait modifié le nom du bénéficiaire.

Dans les mois qui suivent le décès de son conjoint, Rose Filippazzo est entendue, à plusieurs reprises. Il faudra attendre avril 2019, et plusieurs entretiens pour que la veuve avoue avoir tué son mari. Après un dîner au restaurant, le couple se serait disputé au sujet de leurs amants respectifs. Une fois rentré à la maison, Michel serait parti faire un tour en voiture. Elle, serait restée à Thurins. Lui serait revenu, se serait endormi sur le canapé. Rose dit avoir entendu les rires de son conjoint. Des rires qui provoquent chez elle de la stupeur. Elle saisit un revolver, cachée sous un lit, et tire les yeux fermés, en tournant la tête. Elle part, jette l’arme dans un canal. Elle confesse aux enquêteurs que, lorsqu'elle revient six jours plus tard, elle avait l’espoir de le retrouver en vie.

Une situation d'emprise ?

Au terme de cette audition, Rose se remémore d’autres épisodes. Lorsqu’elle revient sur sa vie avec Michel, elle affirme avoir subi de nombreuses violences physiques, des viols. Ses deux filles s'accordent aussi sur cette version des faits.

Les psychiatres qui l'ont examinée décrivent "la création d'une situation d'emprise de son couple". Pour eux, ce contexte justifie une "altération de son discernement" et donc une atténuation de sa responsabilité pénale. Leur témoignage devant la Cour d'Assises du Rhône jouera donc un rôle-clef pour démêler les vérités des mensonges. Le procès de Rose Filippazzo s'ouvrira ce mercredi 2 novembre. Le verdict est attendu 3 jours plus tard, vendredi 4 novembre.

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