Ce mercredi 20 novembre s’ouvre le procès d'une tentative de féminicide au white-spirit à Lyon. Le 22 janvier 2022, l’accusé avait aspergé d’alcool puis mis le feu à son ex-conjointe, qui a miraculeusement survécu.
Ce matin, la silhouette de Claudia s'est faufilée discrètement dans la salle d'audience. La victime porte sur son visage les stigmates du jour où elle a failli perdre la vie dans un féminicide. Dans la salle de la Cour d’Assises de Lyon ce mercredi 20 novembre, s’ouvre le procès de la tentative de féminicide à laquelle la femme de 35 ans a miraculeusement survécu le 22 janvier 2022.
Ce jour-là, en fin d’après-midi, elle est aspergée de white-spirit dans son appartement du 1er arrondissement de Lyon par son ex-compagnon, qui l'incendie à l'aide d'un briquet avant de partir. La victime ne doit sa survie qu’à ses bons réflexes : elle appelle la voisine d’en dessous, et se précipite sous la douche, permettant une intervention rapide des secours et de la police. Le suspect, alcoolisé, s’était ensuite rendu de lui-même au commissariat du quartier. Durant l'enquête, il a expliqué avoir vu noir, avoir voulu lui faire peur, la blesser, mais pas la tuer. Le couple se disputait souvent, Claudia lui reprochait sa consommation d'alcool.
"La victime est dans l’attente de ce procès, elle est angoissée, anxieuse, je pense qu’il y a un fond de colère aussi par rapport à toutes les séquelles qu’elle a eu, et qui perdurent encore aujourd’hui avec des souffrances qui sont très importantes, très intenses" a déclaré l’avocate de la partie civile, Maitre Raphaëlle Hovasse.
L'accusé encourt la perpétuité
Pour cause, 15% du corps de la victime a été brûlé au second degré, dont le cou, la tête, les cheveux, le torse, les avant-bras et une partie des cuisses. D’intenses blessures qui ont nécessité des excisions et des greffes. "Cela a un impact psychologique énorme puisqu’elle constate tous les jours en se regardant dans le miroir les séquelles que l’accusé a pu lui donner" souligne l’avocate.
Le procès a commencé par une confrontation entre l’accusé et la victime, qui se revoyaient pour la première fois depuis la tentative de féminicide. Un témoin présent lors de la scène sera également entendu à la barre. "Il n’y a aucun doute sur son attention homicide, quand on allume un briquet sur une femme sur qui on vient de déverser une bouteille d’alcool à brûler entière et qu’on part directement après en la laissant s’immoler, il n’y a aucun doute sur son intention. Mais l’avouer devant une Cour d’Assises est peut-être un peu compliqué pour lui, même si c’est fondamental pour elle qu’il comprenne son geste et son intention" martèle Maitre Raphaëlle Hovasse.
Pour tentative de meurtre sur conjoint, l’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Le procès doit durer deux jours.