Rachat total ou partiel de Scopelec : le tribunal de commerce de Lyon rendra sa décision après Noël

La justice a mis en délibéré au 28 décembre sa décision sur le rachat total ou partiel de Scopelec, premier groupe coopératif français et sous-traitant de l'opérateur Orange pour les réseaux de fibre optique, récemment placé en redressement judiciaire.

Avec l'énergie du désespoir, les salariés de Scopelec, la plus vieille Société coopérative de France veulent sauver leur groupe d'installation de fibre optique.

Les sociétés Alsatis, Circet, Kyntus, Newscope, Solutions 30 et Foliateam ont détaillé, ce 8 décembre 2022, devant le tribunal de commerce de Lyon leurs offres de reprise, partielles et totales, de l'activité et des actifs de celles-ci, dans un but de sauvegarde au bénéfice de la société Scopelec S.A. et sa filiale indirecte Setelen.

Orange lui  tourne le dos

Placée en redressement fin septembre, l'entreprise, qui compte aujourd'hui quelque 2.300 salariés assurait la pose de la fibre optique et l'entretien du réseau cuivre pour l'ancien opérateur historique des télécoms.
Elle joue sa survie depuis l'annonce par Orange de la perte de la majeure partie de ce marché en novembre 2021, qui assurait 40% de son chiffre d'affaires.
Lors de l'audience de jeudi, tenue à huis clos, les deux administrateurs et les deux mandataires judiciaires, ainsi que le parquet, se sont prononcés en faveur du projet de Circet, a rapporté à l'AFP Ralph Blindauer, avocat du comité économique et social (CSE) de Setelen, première filiale de Scopelec.
L'offre du groupe français Circet appartenant au fonds d'investissement britannique ICG, qui doit permettre de sauver quelque 1.100 emplois, a été jugée plus solide financièrement que celle de Newscope.


Mercredi, plusieurs députés Nupes, dont François Ruffin, la présidente PS de la région Occitanie Carole Delga ou le maire écologiste de Lyon Grégory Doucet avaient appelé l'État à "prendre ses responsabilités".
Selon eux, le tribunal doit "choisir entre deux sortes de projets diamétralement opposés", ceux d'entreprises "détenues par des puissances étrangères", et celle de Newscope soutenue par "80% des salariés".
A leurs yeux, cette solution serait "triplement gagnante" avec 1.457 emplois sauvegardés, une souveraineté maintenue dans le secteur des télécommunications "avec une gestion rigoureuse, non spéculative".
Mercredi, Carlos Verkaeren, président du directoire de Scopelec, s'était insurgé contre Orange, assurant avoir été informé par courrier que l'entreprise ne soutenait pas le projet de Newscope.
"Cela inverse complètement la posture d'Orange, qui était jusque-là bienveillante, c'est inacceptable et incompréhensible", expliquait la direction de Scopelec à l'AFP, alors que France Bleu rapportait qu'Orange se serait positionné en faveur des offres de Circet et Solution 30.

On a l'impression que c'est Orange qui distribue les cartes et le gouvernement ne fait rien alors que l'État est actionnaire [d'Orange] à 23%.

Mario Cesaro, CGT

Mais Orange a assuré par la suite ne s'être "associé à aucun projet", rappelant avoir "émis des avis sur les capacités opérationnelles de chaque candidat". Avis qui, selon l'entreprise, ne valent pas soutien.
"On a l'impression que c'est Orange qui distribue les cartes et le gouvernement ne fait rien alors que l'État est actionnaire [d'Orange] à 23%. Nos emplois sont menacés par des gens qui ne cherchent que du profit", a protesté jeudi le délégué syndical CGT Mario Cesaro au milieu de quelque 200 salariés rassemblés devant le tribunal de commerce de Lyon.


Plus gros groupe coopératif de France (quelque 2.300 salariés en métropole et en Outre-mer et 475 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2021), Scopelec est une société coopérative et participative (Scop), c'est-à-dire que ses salariés détiennent le capital (en l'occurrence 74,8%) et le pouvoir de décision. 
Elle a été créée en 1973, à la grande époque des coopératives ouvrières, à Revel (Haute-Garonne). Son siège a déménagé en 2021 à Sorèze, dans le Tarn.

La décision du tribunal de commerce a été mise en délibéré. Les salariés connaitront leur sort le 28 décembre prochain.

Avec AFP

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