Les professions libérales et les infirmières sont dans la rue pour protester contre la réforme des retraites. Ils redoutent que l'argent de leurs caisses soit "spolié" au profit du régime général.
Avocats, médecins et paramédicaux, personnel naviguant des compagnies aériennes : après la RATP vendredi denier, ces professions se mobilisent à leur tour pour défendre leurs "régimes autonomes" de retraite contre le "système universel" voulu par le gouvernement.
C'est sans doute l'une des premières fois dans l'histoire sociale du pays qu'avocats, professionnels du soin et salariés du transport aérien se retrouvent réunis en collectif. Ils entendent "dénoncer le projet de captation sans sommation de leurs régimes autonomes de retraite", a souligné dans le Journal du dimanche le collectif "SOS Retraites".
Robes noires très mobilisées
Du côté du Conseil national des barreaux, on annonce une mobilisation très forte : 140 barreaux sur 164. Les manifestations seront doublées d'une grève des audiences. A Lyon comme dans toutes les préfectures de la région, les barreaux seront vent debout. Les avocats ont prévenu : ils ne plaideront aucune affaire et ont prévu de demander le renvoi des procès. Il n'y aura pas non plus de commis d'office, de consultations gratuites ni de permanences pénales. Seule exception, le contentieux
de la liberté (garde à vue, détention provisoire...) restera assuré, ont assuré les bâtonniers.
Pour les avocats, le "système universel" promis par le chef de l'Etat doit en effet se traduire par une forte hausse des cotisations "que bon nombre d'entre-nous ne pourrons pas supporter, de 14 à 28 %", souligne la présidente du Conseil national des barreaux. Cette réforme doit aussi entraîner la disparition de la caisse nationale des barreaux (CNBF) et de ses 2 milliards d'euros de réserves financières qui rejoindraient les caisses de retraite générales dans le cadre de la fusion des régimes.
Les infirmières libérales dans la rue, mais pas toutes
Côté infirmières, le tableau est similaire. Elles dénoncent une augmentation des charges qui passeraient à 60 %. "Ce qui, en clair, signifie que nous devrons travailler jusqu'à l'été pour payer ces charges", fait remarquer une porte-parole de Convergence Infirmières, le seul syndicat d'infirmières à être mobilisé ce lundi. En effet, toutes les infirmières ne sont pas dans la rue. La Fédération nationale des infirmiers (FNI) et le Syndicat national des infirmiers (les deux plus importants syndicats de la profession) se disent toujours dans la négociation. une délégation a été reçue la semaine dernière par le Haut commissariat à la réforme des retraites (HCRR). "Ce que que nous demandons à tout prix, explique Corinne Bourseaud, l'une des négociatrices régionales, c'est que la cotisation (qui serait de 28 % contre 15 actuellement) soit indexée sur le BNC (Bénéfices non-commerciaux) et pas sur le salaire brut." Et de prévenir que si ce point ne faisait pas l'objet d'un accord, ils rejoindraient le mouvement.