Rencontre avec Dominique Malonga, l'autre pépite du basket français

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La récente vice-championne olympique de basket et joueuse de l'ASVEL Dominique Malonga nous a accordé un long entretien. Avec une maturité bluffante, à seulement 18 ans, la nouvelle star du basket féminin revient sur les étapes qui ont marqué sa jeune carrière, et sur les objectifs qu'elle poursuit.

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Cette semaine, Dominique Malonga a beaucoup fait parler d'elle sur la planète basket. Elle est devenue la première Française à réussir un dunk en compétition officielle et professionnelle, lors du carton de son équipe en coupe d'Europe, face aux Chypriotes de Limassol (115-54). Un instant magique, qui a fait exulter le public du gymnase Mado-Bonnet. "J'ai senti que la salle l'attendait, j'avais déjà eu 2-3 contrattaques avant celle-ci, et j'avais entendu le public frémir. Alors quand j'y suis allée, toute la salle s'est levée, c'était un bon moment" sourit la championne, pleine d'humilité.

Un geste que l'on voit très rarement toutes nationalités confondues, et un moment déjà légendaire car il symbolise les énormes progrès du basket féminin, qui comble peu à peu l'écart de niveau, et de spectacle, vis-à-vis du basket masculin. Mais pour Dominique Malonga, ce n'est pas un simple coup d'éclat, mais plutôt le fruit d'un travail acharné, et d'une grande confiance en soi. "Honnêtement depuis 2-3 ans, des dunks j'en fais assez régulièrement à l'entraînement, et à tous les échauffements (NDLR : le public l'en savait donc capable). Mais c'est vrai qu'en match, devant un public, face à un adversaire ce n'est pas la même approche" s'amuse la jeune femme qui ne s'étendra pas beaucoup plus sur ce geste spectaculaire, si ce n'est de conclure "c'est une grosse nouveauté, une barrière qui s'est cassée, j'espère qu'il y en aura bien d'autres après". Une grande ambition, qui n'a rien de démesurée.

Des bancs d'écoles de Yaoundé, aux parquets de l'INSEP

Née à Yaoundé où elle a passé la majeure partie de son enfance avec ses 4 frères et sœurs, Dominique a toujours été baignée dans le Basket. "Après l'école j'allais m'entraîner à l'académie de ma mère, qui était professionnelle. D'ailleurs elle a joué une partie de sa carrière en France, donc on y a fait quelques allers-retours, plutôt dans le Sud, à Perpignan, Toulouse... on y passait parfois une saison avant de retourner au Cameroun. Mais globalement j'ai passé toute mon enfance là-bas, de la maternelle au cm2, et c'est là-bas que j'ai appris le basket".

Pour autant, la jeune fille n'a pas tout de suite été passionnée par ce sport. "Franchement je jouais parce que mes parents étaient basketteurs. C’était un peu le sport de la famille (NDLR : son père était également basketteur professionnel, ancien international congolais) il fallait aller au basket, c’était comme ça" se souvient avec amusement celle qui est devenue l'un des plus grands espoirs du basket."Moi j'étais un peu une intello on va dire, j'étais dans les livres, j'aimais trop l'école, c'était ça mon truc ! Je ne rêvais pas d'une carrière pro, je voulais faire des études !".

Alors qu'elle est âgée de 10 ans, sa famille s'installe en France, à Nanterre, et elle reprend son sport au Paris Basket 18, puis à Rueil-Malmaison dans les Hauts-de-Seine. Très vite elle est repérée par la direction technique nationale du Basket français, notamment pour ses qualités athlétiques hors norme, et intègre à seulement 13 ans, et avec un an d'avance, le pôle France de l'INSEP.

Un début chez les pros ultra-précoce

Repérée sur les parquets de Nationale 1 par Tony Parker en personne, Dominique Malonga est recrutée à seulement 15 ans pour intégrer l'effectif professionnel de l'ASVEL, aux côtés d'adultes, pour certaines internationales, et dans une équipe avec de l'ambition sur le plan national et européen. "Honnêtement j’ai été très bien accueillie les filles étaient cools, mais c’est vrai que c’est juste un autre monde. Moi je sortais de l’INSEP où j’étais encore à un niveau amateur, mais là, même si j'étais encore en apprentissage, on attendait de moi que je performe ! Si tu performes tu joues, si tu ne performes pas, tu ne joues pas.".

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Un choc pour la jeune fille, mais qui ne la traumatise pas pour autant. "J'ai eu un peu de mal à trouver ma place, ça a été une première année un peu compliquée, mais j'en suis contente, ça m'a tout de suite plongé dans le grand bain". À 15-16 ans la joueuse dispute environ 5min par match pour sa première saison, puis une quinzaine de minutes par match lors de sa deuxième saison à 16-17 ans, au cours de laquelle, elle est sacrée championne de France avec ses coéquipières. "Je sais que pour la troisième année j'aurais peut-être eu un peu plus de temps de jeu, mais j'ai préféré partir, parce que j'en voulais beaucoup plus !".

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Une progression phénoménale à Tarbes

À 17 ans, la pivot est prêtée à Tarbes, un plus petit club, où elle espère gagner du temps de jeu. "Je voulais vraiment un rôle, je me suis dit que si on m'avait fait venir en pro si jeune c'était pour une raison. Alors je voulais passer un cap, et jouer dans une équipe qui se repose en partie sur moi, ça permet de se révéler, et de trouver des solutions techniques que l'on n'utilisait pas avant.".

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le pari fut réussi. "À la base, on avait pour objectif de se maintenir, et on a enchaîné les victoires jusqu'à atteindre les demi-finales de coupe de France et de Play-off, avec le plus jeune groupe du championnat... c'était un truc de fou ! Avec des filles extraordinaires, qui resteront mes amies pour toujours !" raconte la jeune championne, assez émue.

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Une réussite folle sur le plan collectif, mais également sur le plan individuel. La jeune pivot est élue dans le 5 majeur de la ligue et nommée meilleure espoir du championnat, une reconnaissance qui lui ouvre, à seulement 18 ans, les portes de l'équipe de France A. Le tout, sans avoir abandonné son rêve d'études supérieures. Dominique mène des études d'ingénieur informatique avec un emploi du temps aménagé ; "Je pense déjà à l'après carrière même si c'est un peu tôt, je veux être ingénieure informatique et développer des applications".

Un été de rêve

Devenue en juillet la plus jeune joueuse de basket française à disputer les Jeux-Olympiques, Dominique Malonga a vécu un été 2024 dont elle n'aurait jamais rêvé. "Déjà être dans la présélection pour les JO c'était au-delà de mes espérances, mais alors quand j'ai vu que j'étais dans la liste... je n'ai même pas de mot pour décrire comment je l'ai vécu en fait. Je peux vous dire que toute ma famille a fêté ça ! C'était juste incroyable d'y être".

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Pour ces Jeux, ni Dominique ni ses coéquipières n'étaient venues pour faire de la figuration. "Bon, la préparation c'était sans doute la plus dure de ma vie" reconnaît la joueuse, "mais pour tout ce qu'on a traversé jusqu'à cette finale contre les Etats-Unis, ça valait le coup ! Peu importe mon temps de jeu, j'ai pu participer à ces JO à la maison, et je n'oublierai jamais tous ces moments". Si son temps sur le parquet s'est amoindri au fur et à mesure de la compétition, l'internationale a quitté Paris avec une médaille d'argent autour du cou, pour retourner dans son club, l'ASVEL, avec un nouveau statut.

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Un avenir à la Victor Wembanyama ?

Depuis le début de saison, Dominique Malonga est passée au cœur du projet de l'ASVEL, mais pour la jeune femme qui n'a pas encore 19 ans (le 16 novembre prochain) pas de quoi se rajouter de la pression. "Je ne vais pas m'en plaindre alors que c'est exactement ce que je voulais. Je ne pense pas que ce soit trop tôt, si on peut faire les choses dès maintenant, pourquoi s'en priver ! Ça commence bien, la mayonnaise a bien pris, on a un vrai collectif avec des supers filles qui arrivent à me mettre dans des positions préférentielles, c'est aussi ce qui m'aide à briller" analyse Dominique, "je n'ai rien changé à ma façon de jouer, je ne cherche pas à jouer tous les ballons, à forcer les choses. Si le jeu vient à moi je vais jouer, sinon je vais faire jouer les autres, c'est naturel". Un naturel diablement efficace : l'ASVEL féminin n'a perdu qu'un match depuis le début de la saison pour sept victoires.

Alors, de quoi l'avenir sera fait pour la pépite du basket français, voire mondial ? "L'objectif, c'est la draft de WNBA en fin d'année" (NDLR : processus de sélection des nouvelles joueuses qui intègrent la ligue américaine, la meilleure du monde). Dominique est pressentie pour y être très bien classée, peut être même en numéro 1, ce qui serait une nouvelle grande première pour une Française, Victor Wembanyama étant devenu le premier Français a réussir cet exploit l'année dernière.

D'ailleurs, pour sa précocité, ses qualités athlétiques extraordinaires et son style de jeu, la jeune joueuse est régulièrement comparée à Wemby. "C'est super flatteur, je ne m'en plaindrai jamais" réagit-elle, "maintenant il y a certes des similarités, mais il faut garder en tête qu'on est deux personnes différentes, qu'on progresse chacun à son rythme. Je m'en inspire bien sûr, mais j'essaie de garder mon identité, et de faire des choses qui me ressemblent.". Un bel état d'esprit à appliquer dès ce soir, 19h, lors de la réception de Basket Landes au gymnase Mado Bonnet.

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