Dans cette rentrée littéraire, la Lyonnaise Dalya Daoud propose un premier roman « Challah la danse ». Une chronique tendre sur la vie quotidienne d’un lotissement de village des monts du lyonnais dans les années 80.
La rentrée littéraire représente un enjeu important pour un premier roman. Et pour l’auteure qui se lance dans cette aventure de la fiction, cette visibilité de son premier opus tourne ici à la belle surprise. C’est le cas pour Dalya Daoud avec Challah la danse.
Au moment de la sortie de son roman (19 août), elle se pince encore pour y croire. Croisée à l’automne de l’année dernière, cette ancienne consœur, elle a fondé Rue 89 Lyon qu’elle a dirigé pendant douze ans, me dit qu’elle se lance dans l’écriture d’un roman. Une véritable reconversion pour cette amoureuse des mots. Et peut-être aussi une aventure pour trouver une visibilité quand on connaît la difficulté à se faire éditer. Premier envoi du manuscrit en décembre dernier sans trop y croire et réponse quasi immédiate de l’éditeur, le nouvel Attila. Premier essai, première réussite !
Ni tout à fait la ville, ni tout à fait la campagne
La carte du territoire choisie par Dalya Daoud pour son ouvrage flirte entre la réalité et la fiction d’une France moyenne. Celle des petites villes et des villages qu’elle situe dans les monts du Lyonnais. Elle joue avec les noms des communes, réels ou tout juste fictionnés : Givors, Saint-Bol pour Saint-Bel ou L’Arbrule pour l’Arbresle. Ces noms feront peut-être écho à des souvenirs de lecteurs de la région lyonnaise. Pour Dalya, il s’agit surtout de prendre de la distance avec la réalité de son enfance dans ces lieux. Un petit truc d’écriture pour sortir du réflexe de reportage sur la vie quotidienne de ce petit Lotissement de campagne. Dalya Daoud écrit ce Lotissement du Village avec un grand L et un grand V pour mieux développer son imaginaire autour de souvenirs d’enfance. Comme elle l’explique :
«J’y ai mis beaucoup de souvenirs d’enfance mais tordus. Pour développer beaucoup d’imaginaire.»
Dalya Daoud
Quoiqu’il en soit les histoires croquées au fil de ce premier roman par cette ancienne journaliste réveillent un temps pas si lointain d’une France modeste souvent issue d’immigrations du Maghreb. Cette population pavillonnaire agrégée en bas du village autour de l’usine textile peut se retrouver dans de nombreux territoires de cette France des années 80.
Dalya Daoud y ajoute son expérience, ses choses vues et vécues qui donnent une véritable chair à ses descriptions fines de vies quotidiennes : échanges de bons petits plats avec les subtilités d’ingrédients selon les origines, premiers émois de jeunes filles, racisme latent entre ceux d‘en haut du Village et ceux d’en bas. Un exemple, la séance d’entre-soi des élus du conseil municipal un peu loin des préoccupations du Lotissement d’en bas. « Les contacts étaient occasionnels, distants, polis… »
Mais l’atmosphère du livre est assez douce voire drôle. Elle raconte :
Pendant mon écriture je me suis fait rire et j'espère pouvoir partager ses moments d'humour avec les lecteurs.
Dalya Daoud
C’est peut-être l’effet nostalgie ou l’influence de ce territoire sans histoire. Dalya Daoud a le sens de l’évocation et les références à des événements bien réels mais vus par le prisme de ses personnages : l’élection de Jacques Chirac face à Jean-Marie Le Pen ou la chasse à l’homme de Khaled Kelkal, abattu dans les bois non loin du village. Des références aussi à la bande-son du moment IAM, Pascal Obispo ou Jean-Jacques Goldman. Elle porte un regard tendre et souvent drôle sur ce petit monde sans éclat qui revendique un certain droit à la somnolence.
Challah la danse de Dalya Daoud aux éditions le nouvel Attila