Elle a 105 ans, mais elle est très loin de faire son âge. Odette Varvier, doyenne de Villeurbanne, vient de fêter son anniversaire en compagnie de toute sa famille, dans le bureau du maire. Une surprise pour la centenaire.
Ancienne couturière, Odette Varvier est restée une dame coquette et bien mise. Au premier coup d'œil, on a peine à croire qu'elle vient de souffler ses 105 bougies. Une histoire de caractère ? Odette ne l'explique pas vraiment. Elle assure qu'elle n'a ni secret, ni recette miracle. Odette n'a jamais pris garde à son âge. "Rien ne me tourmente" assure-t-elle avec sérénité.
Dame de fer
Grande, Odette se tient bien droite. Elle marche seule, sans canne ni déambulateur. "J'ai fait de la natation et j'ai fait de la bicyclette. Tous les matins, quand j'allais travailler, j'avais fait 30 kilomètres", explique-t-elle. Et avec un œil qui pétille, elle n'hésite pas à montrer ses longues jambes... dignes d'un ancien mannequin.
La centenaire est alerte et avoue avoir un bon coup de fourchette aussi. "Il n'y a pas si longtemps, alors qu'elle n'avait que 100 ans, elle dansait encore", assure sa fille unique Louise. Aujourd'hui, elle se contente de chanter chaque semaine, avec les membres de l'association Ensemble au 44. Et Odette adore chanter, il ne faut d'ailleurs pas beaucoup la pousser. Elle s'y prête de bonne grâce : des mélodies début de siècle, du chant lyrique ou encore des tubes de Johnny Hallyday. Pour les paroles et les airs, la mémoire ne lui fait pas défaut non plus. Elle a donné un petit extrait de son répertoire : des chansons d'amour surtout. Comme un clin d'œil à son époux disparu, son cher Marcel, dont elle est tombée amoureuse à l'âge de 16 ans.
En quelque sorte, depuis l'âge de 96 ans, je me suis cramponnée à la vie.
Odette Varvier105 ans, doyenne des Villeurbannais
Ce qu'elle aime par-dessus tout, c'est parler et échanger, confie Odette. Alors quand elle s'ennuie, elle n'hésite pas à descendre les cinq étages de son immeuble et à s'assoir sur le banc de la place, sous ses fenêtres. Pour faire un brin de causette avec des inconnus ou des gens du quartier. Car c'est une figure locale, la doyenne de Villeurbanne. "Beaucoup de gens me connaissent, mais moi, je ne les connais pas", assure-t-elle.
Une centenaire autonome
Née en 1918, Odette a toujours eu du tempérament, un fort caractère, aux dires de sa fille unique Louise. Indépendante, la centenaire vit seule dans son appartement situé à deux pas de la mairie de Villeurbanne depuis plus de 25 ans. C’est à la mort de mon mari qu'elle est revenue s’installer à Villeurbanne. Une infirmière et une aide ménagère viennent chaque matin, "mais jusqu'à 3 mois en arrière, je faisais encore la cuisine", explique-t-elle.
Ne lui parlez pas de maison de retraite ou d'Ehpad, Odette a fait un passage éclair dans une institution en juin dernier. Un déménagement à sa demande pour avoir davantage de compagnie. Mais fin août, la retraitée avait déjà retrouvé son indépendance et ses habitudes. À sa demande, elle a voulu regagner son appartement, raconte sa fille. "J'ai essayé de rentrer dans une maison de retraite, c'était la catastrophe (...) J'étais la seule debout, je ne pouvais parler avec personne", raconte Odette. "J'étais un phénomène" explique-t-elle avec ironie. Dès le premier jour, pas question pour le personnel de l'aider à s'habiller, se laver ou manger malgré son grand âge.
Gâteau d'anniversaire
Pour son anniversaire, sa fille Louise a organisé une petite surprise : une réunion familiale, les 5 générations, dans le bureau du maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael. Elle était entourée de sa fille, de ses petits-enfants, arrières-petits-enfants et arrières-arrières-petits enfants.
Au programme, gâteau d'anniversaire, champagne et bouquets de fleurs... rien ne manquait. Entre le premier magistrat et la centenaire, un lien un peu particulier s'est noué.
La centenaire lui avait prédit qui remporterait le siège de maire. Une intuition alors que la Villeurbannaise habitait au-dessus du local de campagne du candidat. "On s'est rencontrés avant que je sois maire. Elle a fait partie des premiers qui me disait que peut-être, je le serais", explique l'élu. "Il y a de l'émotion, ce n'est pas juste fêter la doyenne, on a créé un lieu un peu particulier".