On connaissait les tritons, chauves-souris, et autres insectes qui avaient bloqué le chantier de l'A89. Cette fois, dans le Rhône, c'est un couple d'oiseaux qui bloque un chantier sur une surface de 1,5 hectares: ils s'appellent les oedicnèmes criards. Des oiseaux rares protégés et inexpulsables!...
A Manissieux, dans l'est lyonnais, la société Clé en main construction aime bien les oiseaux... oui mais.... Certains responsables s'impatientent depuis qu'un couple d'œdicnèmes criards a été localisé sur le site de travaux qu'ils entendent conduire.
Protégés et inexpulsables, ils empêchent la construction des bâtiments prévus sur cette parcelle. Seule solution : trouver un terrain semblable pour les accueillir.
La présence de ce couple d'oiseaux bloque le chantier. «Le problème s'était déjà posé il y a quelques années, explique un vendeur qui travaille pour le promoteur. À l'époque, nous avions trouvé une solution avec la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) sur un site mitoyen.
Là, le responsable du chantier a reçu un courrier qu'il juge trop contraignant au regard de son projet qui comporte des perspectives de créations d'emplois. "Je n'ai rien contre la protection de l'environnement et des oiseaux, mais le bien-fondé économique du projet est indéniable» poursuit-il.
Le propriétaire, en revanche, est plus nuancé, il explique avoir trouvé une solution en occupant une partie de son terrain, il construit dessus, et affirme laisser l'autre partie aux oiseaux en attendant qu'un relogement soit possible pour le couple de volatiles ...
Muriel Botton, directrice d' Evinerude, un bureau d'étude environnementales, saisie par le société Clé en main, explique : « Pour accueillir le couple d'œdicnèmes criards, on cherche un terrain d'un hectare recouvert d'un substrat graveleux en conformité avec les modalités fixées par le plan local de sauvegarde. Cela engendrerait donc des frais supplémentaires pour notre client. Mais pas facile d'en dénicher un. L'autre solution serait de louer à un agriculteur une parcelle de terrain d'un hectare. Un terrain qu'il faudra ensuite veiller à entretenir pendant trente ans ».
Rappelons que cet oiseau est une espèce protégée, et qu'elle est classée en «préoccupation mineure» par l'IUCN (Union internationale pour la conservation de la nature).
L'oedicnème criard ou le courlis de terre était jugé très commun au XIXe siècle. Le boisement, l'extension des zones de mise en culture, la disparition du mouton et l'usage de pesticides ont provoqué de fortes fluctuations au sein des effectifs de ce limicole atypique.
Il est protégé et se trouve dans notre région de mars à octobre .
