Plusieurs départements d'Auvergne-Rhône-Alpes sont désormais concernés par des arrêtés préfectoraux. L'heure est à la prévention, mais les restrictions pourraient suivre si la pluie ne vient pas.
29° à Lyon ce mardi après-midi.
Nous sommes le 10 mai 2022, les températures s'affolent déjà. L'été n'a pas débuté. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, les arrêtés préfectoraux se succèdent. "Ce sont des paliers, on informe, on sensibilise" d'après un chargé des relations presse à la préfecture du Rhône.
Première étape : la sensibilisation, l'information. C'est le niveau vigilance. Quatre niveaux ont été imaginés, jusqu'à la situation de crise.
Nous n'en sommes pas -encore- là mais les bulletins ne sont guère rassurants. En Ardèche, chez Aurélien, éleveur de chèvres, la situation est paradoxale : "ici, tout est encore vert, mais les animaux ne peuvent déjà plus pâturer". Ses chèvres restent donc à l'intérieur, avec du fourrage. La sécheresse ne se voit pas. Pas encore.
En mai, d'habitude, l'herbe est haute et pourtant, aujourd'hui le paysage devient désertique
Aurélien Mourier, éleveur
Le phénomène ne se mesure pas. Pas encore ! Les conséquences non plus. Pas encore !
Et pourtant : "on part avec un handicap, et il y a de quoi s'inquiéter !"
Eric Sauquet est directeur de recherche en hydrologie à l'I.NR.A.E. il nous explique que le déficit en pluie date de l'hiver précédent. Les "stocks" ne sont pas refaits. La "période de recharge" n'a pas fonctionné. Résultat : "le bilan est mauvais !"
Si la pluie devait tomber, cela ne suffirait pas. En été, le rendement est moindre, l'eau ne va pas gagner les couches inférieures et suffisamment tremper les sous-sol et alimenter les nappes phréatiques. "En 2020-2021, l'été était maussade, le déficit en eau avait été encaissé". Qu'en sera-t-il cette année ?
Il faut rendre accessible l'information et la partager
Olivier Depraz, directeur Imageau
Afin de pouvoir anticiper ces aléas, une jeune entreprise vient de lancer une application : info-secheresse.fr. Le site recense toutes les données publiques sur l'évolution des cours d'eau, des nappes phréatiques, des niveaux de pluviométrie,... Les contributeurs sont experts, hydrogéologues, développeurs, ils ont "rendu accessible toutes ces données pour permettre une prise de conscience".
Olivier Depraz est le fondateur de cette société (Imageau) qui se finance grâce aux conseils et services qu'elle propose aux professionnels et aux collectivités : "l'idée était d'agglomérer toutes ces ressources afin de les rendre accessible au plus grand nombre et de permettre une prise de conscience".
D'autres sites du gouvernement sont également consultables, comme Propluvia avec une mise à jour des restrictions éventuelles. Actuellement, on peut voir que la Dombes est en niveau d'alerte renforcée et le département de la Drôme en alerte. Les prélèvements d'eau y sont limités.
Quant à note éleveur de chèvres en Ardèche, la question de son modèle économique se pose tant son activité est "climato-dépendante".