Suite au drame de la crèche lyonnaise People&Baby, professionnels et collectivités réclament "une remise à plat" face à la pénurie de personnels

Le décès d'une petite fille de 11 mois, empoisonnée au Destop par la salariée d'une micro-crèche lyonnaise, a révélé une situation critique. Le turn-over s'aggrave dans les crèches, les tâches administratives et les horaires s'allongent au détriment d'un "encadrement optimal" des bébés, alertent professionnels et collectivités.

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Une remise à plat urgente s'impose pour répondre à la pénurie de personnel, c'est le message que délivrent aujourd'hui les salariés et les responsables du secteur de la Petite enfance. "On est en permanence sur le qui-vive, on se retrouve parfois seules pour donner les repas, stressées et obligées de faire plus vite, plus désordonné et donc c'est moins serein et consciencieux", résumait Cathy Ligère du Syndicat national de la petite enfance, avant le drame survenu dans une crèche privée de Lyon, où une auxiliaire puéricultrice est poursuivie pour meurtre après le décès d'une fillette de 11 mois.

Cette affaire tragique a suscité des flots de colère sur les réseaux sociaux, certains questionnant la gestion de la crèche et l'encadrement. "On va droit dans le mur", redoute Mme Ligère. Elle énumère les arrêts maladie et départs non remplacés et des employés de fait contraints de "jongler entre les couches, les biberons et des tâches annexes comme des commandes de matériel", loin de la prise en charge "optimale et bienveillante des enfants" pour laquelle ils disent avoir signé.

Dégradation des conditions de travail

Selon les professionnels interrogés, ces conditions de travail peuvent en partie expliquer la difficulté croissante à recruter des puéricultrices, des auxiliaires et des éducateurs, et par ricochet, l'obligation de certains établissements à refuser des inscriptions ou à réduire les horaires d'ouverture de leurs structures. "Avant, j'avais un vivier de CV sur mon bureau" pour des postes en crèche. "Je n'ai plus rien, c'est une alerte", témoigne Clotilde Robin de l'Association des maires de France (AMF) désireuse de faire "entendre sa voix".

Les communes et intercommunalités sont en effet gestionnaires de près de 70% des établissements d'accueil du jeune enfant (EAJE) et un contributeur majeur dans ce domaine. L'observatoire de la petite enfance estime qu'elles financent 20% des sommes consacrées à l'accueil des enfants de moins de trois ans. Le déficit de candidatures, structurel, est d'autant plus problématique qu'il concerne un âge crucial pour le développement et l'éveil des futurs citoyens, fait aussi valoir Mme Robin, également adjointe à la mairie de Roanne.

Rendre le métier plus attractif

Déjà en mars, le Conseil économique, social et environnemental s'inquiétait qu'"en dépit du fort investissement des communes et des financements déployés par la branche famille de la sécurité sociale et par l'Etat, la politique d'accueil du jeune enfant est loin de satisfaire les exigences d'égalité, d'accessibilité, de continuité sur le territoire".

Le nombre de places proposées par l'ensemble des EAJE est certes en augmentation depuis une dizaine d'années, passant de 357.000 en 2009 à 471.000 en 2019. Mais les disparités territoriales sont importantes. La capacité d'accueil se situe par exemple entre 10,7 (Guyane) et 87,6 places (Haute-Loire) pour 100 enfants de moins de trois ans.

Certains territoires ont, par ailleurs, besoin d'amplitudes horaires plus importants, en raison de l'éloignement entre le bureau et le domicile, ou d'une aide à la parentalité plus marquée pour accompagner des famille monoparentale dans des régions paupérisées, souligne Mme Robin.

Le gouvernement a chargé en novembre 2021 un comité - rassemblant notamment syndicats
et gestionnaires de structures publiques comme privées - de plancher sur le secteur. "On peut continuer à construire des places, mais les structures resteront vides. Il faut surtout former du personnel et rendre le métier plus attractif", commente l'une de ses membres, Elsa Hervy, de la fédération française des entreprises de crèches.

Miser sur la formation

Une puéricultrice de crèche gagne, en moyenne, 1.650 euros net mensuels, selon une enquête du syndicat de la petite enfance réalisée en 2021 auprès de ses adhérents. Outre l'ouverture de nouvelles places notamment dans les 22 Instituts régionaux du travail social, les professionnels et l'AMF plaident également pour un recours plus fréquent à l'alternance ainsi que la création de passerelles avec les assistantes maternelles et les Atsem qui assistent les enseignants dans les écoles maternelles.

Ces pistes doivent être présentées au gouvernement qui disposera le 11 juillet d'un état des lieux précis de l'ampleur de la pénurie grâce à une étude menée par la Caisse nationale d'allocations familiales. "On espère que ça va faire bouger les lignes", ajoute Elsa Hervy qui, comme d'autres interlocuteurs, souligne "les marges de manœuvres" que représente le solde positif de la branche famille de la sécurité sociale.

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