VIDÉO. "Ça fait plaisir d'apprendre le métier, chapeau à tous les boulangers de France !", Dino est détenu et apprenti boulanger à la prison de Villefranche/Saône

"On fait du pain, on le fait avec notre cœur". Une boulangerie a ouvert en mai dernier, au sein du centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône. Chaque matin, huit détenus s'activent pour préparer du pain frais destiné aux codétenus et au personnel. Cet atelier permet aux personnes détenues de suivre une formation professionnelle pour préparer leur réinsertion.

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Des baguettes dorées et croustillantes qui sortent du four. Depuis mai, un atelier boulangerie a vu le jour à la prison de Villefranche-sur-Saône. Les détenus pouvaient déjà réaliser de la mise sous pli ou participer à la fabrication de jouets pour enfants. Elles peuvent dorénavant produire des baguettes et des viennoiseries dans cet atelier de réinsertion.

Des détenus à la baguette

L'équipe de boulangers est composée de huit personnes. Ils sont déjà au travail alors que le jour n'est pas encore levé. Tous ont appris à pétrir et à laisser poser la pâte à pain, à former les baguettes, à les enfourner et à les cuire comme des professionnels. Ils ont chacun leur poste favori, mais ils doivent tourner sur les postes de travail, pour apprendre le B.A.BA. du métier. Après plusieurs mois de formation dans cette boulangerie atypique, ils maîtrisent ces gestes. "Ils sont motivés et ils aiment bien la boulangerie", aux dires de Damien Vidot, ancien boulanger et formateur. Et c'est une véritable formation dont bénéficient ces huit détenus de la prison de Villefranche/Saône. Damien avait envie de transmettre ce métier, boudé par les jeunes.

Les aider, c'est valorisant. Au début, ils étaient maladroits, mais super contents d'apprendre le métier de la boulangerie. Ils étaient d'attaque. Maintenant, ils sont rodés (...). Je suis fier d'eux.

Damien Vidot

Formateur structure d'insertion pour l'activité économique

"Quand ils sortiront, ils seront formés", explique le formateur. Il surveille avec minutie les progrès de ces protégés et tient à leur enseigner "un maximum" de rudiments du métier. "La baguette doit être bien croustillante, la mie bien alvéolée... la cuisson doit permettre de le réchauffer. Le poids de la baguette est important aussi". Rien n'est laissé au hasard.

Boulanger : métier de forçat

"On charbonne, on n'a pas le choix !". L'équipe doit préparer plus de 2200 baguettes chaque matin. Un travail de forçat ? Plutôt un rythme de professionnel. "On ne pensait pas que c'était un travail intense", explique un des boulangers détenus. "On ne connaissait pas le métier avant, mais on allait comme tout le monde à la boulangerie. On ne savait pas ce qui se passait derrière", assure Dino, un jeune détenu.

Cet atelier de réinsertion propose d'obtenir un certificat de capacité. "Cet atelier nous apporte une mini-réinsertion pour être prêt à affronter la vie dehors. Ça fait plaisir de pouvoir venir travailler dans des ateliers boulangerie. Ça nous permet aussi de subvenir à nos besoins quand on n'a pas de famille, ça nous apporte un petit salaire, une expérience, une formation professionnelle et des acquis supplémentaires. Je pense que c'est super bien. C'est agréable. On est une bonne équipe", explique Dino, tout en travaillant.

Ça fait plaisir d'avoir cette formation et de connaître le métier. Chapeau à tous les boulangers de France !

Dino

Détenu et apprenti boulanger

Le pain est distribué aux 800 détenus. Des baguettes sont aussi acheminées au centre de détention de Saint-Quentin-Fallavier. "On a des bons retours de la part de la pénitentiaire et des détenus. Ils nous disent que notre pain fait maison est super bon. On est heureux de savoir que les gens apprécient. Si ça peut adoucir la détention, on est heureux", ajoute l'apprenti.

Selon Damien Vidot, plusieurs des boulangers qu'il a formés ont le souhait de poursuivre dans cette voie professionnelle après la prison. "Ils me disent que c'est un beau métier et me demandent d'appeler mes contacts sur Lyon pour qu'ils puissent travailler en boulangerie. Je suis fier d'eux. C'est une fierté d'avoir pu transmettre ce savoir-faire et l'amour de la boulangerie", confie le formateur.

Réinsertion, pas seulement…

Si l'expérience de Villefranche/Saône est une première dans la région, elle n'est pas unique en France. Il existe environ une quinzaine de boulangeries pénitentiaires dans l'hexagone. Géraldine Balmelli, la directrice de la maison d'arrêt, a connu cette expérience dans le Nord et elle a eu envie de mettre en place cet atelier "qui fonctionne bien partout".

Pour la directrice de cet établissement pénitentiaire, cette formation a plusieurs vertus pour les détenus : "Au-delà de la réinsertion à leur sortie, il y a la notion d'apprendre à travailler ensemble, de redécouvrir le collectif de travail pour certains, de pouvoir se supporter dans un autre cadre qu'en coursives ou qu'en promenade". Les bénéfices, en termes de "savoir être", sont loin d'être négligeables pour la directrice : "Ils travaillent la patience, l'écoute de l'autre dans un espace assez clos. Ils apprennent à gérer les conflits autrement que par des excès de violence. Ça ne pourra que leur servir", ajoute la directrice.

Le pari n'était pas gagné au départ, mais les détenus sont aujourd'hui attachés à cet atelier. "On sent une cohésion de groupe, une équipe. Au-delà des gestes professionnels de plus en plus maîtrisés, on sent un lien entre eux, un esprit fédérateur. C'est aussi le travail du boulanger et de la structure d'insertion par l'activité économique", assure la directrice. Une expérimentation qui a des répercussions non négligeables. Géraldine Balmelli a ainsi noté "de moins en moins d'incidents" sur l'aile qui abrite ces détenus boulangers. "Ils sont tous positionnés dans le même bâtiment, la même aile, la même coursive. Ils se connaissent bien et essayent d'apaiser leurs concitoyens. Je pense qu'il y a une forme de contamination positive de la sagesse qu'ils acquièrent à l'atelier". Les détenus acquièrent aussi une confiance en eux. Une manière de limiter aussi les risques de récidive lorsque "la personne ressort avec la volonté de s'en sortir et avec une capacité professionnelle assurée".

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"On fait du pain, on le fait avec notre cœur". Une boulangerie a ouvert en mai dernier, au sein du centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône. Un atelier de réinsertion pour préparer un avenir professionnel à la sortie de prison. Reportage Y.Marie / B.Millaud / F.Faltraue / S.Leroy - Intervenants : Dino (détenu) / Damien Vidot (formateur structure d'insertion pour l'activité économique) / Géraldine Balmelli (Directrice de la maison d'arrêt) / Lucas (détenu) / Slimane (détenu) ©France tv

Bientôt, ces boulangers apprendront également à faire des viennoiseries. Un savoir-faire recherché à l'extérieur des murs de la prison. L'expérience de Villefranche/Saône a déjà permis à un ancien détenu, sorti avec une certification professionnelle, de trouver un emploi dans une boulangerie de la région lyonnaise, et cela dans le cadre d'un aménagement de peine.

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