L'espiègle photographe Elliott Erwitt est décédé jeudi 30 novembre à l'âge de 95 ans. Depuis un mois et jusqu'au 17 mars prochain, une rétrospective lui est consacrée à la Sucrière à Lyon. En hommage au photographe, elle sera en accès libre gratuitement ce jeudi 7 décembre de 17h à 19h.
Difficile de résumer Elliott Erwitt, tant son œuvre est prolifique et variée. Dans le monde de la photographie, celui qui a été repéré par la célèbre agence new-yorkaise Magnum a touché tout. À la fois "brillant portraitiste, photojournaliste ayant laissé des clichés inoubliables et commanditaires publicitaires hors pair" selon Isabelle Benoît, commissaire de l'exposition consacrée à Elliott Erwitt en ce moment à la Sucrière à Lyon.
S'il faut résumer ses 70 ans de carrière, il faut parler de son style. L'homme a su rester malicieux et perspicace.
C'est un photographe humaniste qui marie l'humour et les émotions, ce qui lui a permis d'approcher ses semblables. Cela donne une unité profonde dans son œuvre, malgré l'éclectisme de ses sujets. Son style a peu évolué depuis les années 50 malgré les turpitudes du monde.
Isabelle Benoît, commissaire de l'exposition "Rétrospective" d'Elliott Erwitt
Ce taiseux préférait la photographie noir et blanc pour son esprit de synthèse, qui va à l’essentiel et réservait la couleur aux commandes. "Je ne mets pas de couleur dans mon travail personnel. La couleur, c’est du domaine professionnel. Ma vie est déjà assez compliquée comme ça. Je m’en tiens au noir et blanc. Cela suffit." estimait Elliott Erwitt.
L'un des sujets qui le fascinait : les chiens. Qu'il habille, qu'il fait sauter, se cacher ou se dresser comme les hommes. "Ils sont partout. Ils sont habituellement sympathiques. Ils ne se plaignent pas. Et ils ne demandent pas de tirage."
Star, hautes personnalités, Elliott Erwitt savait aussi les photographier. À 80 ans, il capturait l'image de Barack Obama. Une pratique qui a commencé 60 ans auparavant pour répondre à des commandes de l'agence Magnum. Avec son esprit espiègle et discret, il gagne la confiance de Marylin Monroe ou Andy Warhol.
"Elliott Erwitt était discret, modeste, parlait peu et de manière extrêmement concise et très juste. Il avait beaucoup de recul" décrit Isabelle Benoît. À la sortie de l'exposition, on retient cette phrase de lui :
Si mes photos permettent aux gens de voir le monde d'une certaine façon, c'est certainement d'y voir les choses sérieuses de manière non sérieuse.
Elliott Erwitt
Et une envie de saisir son téléphone pour prendre des photos, avec un sourire en coin.