Le lundi, c'est le jour de fermeture du Musée des Confluences. Mais le personnel ne se repose pas pour autant. L'absence de public permet plein de choses : le dépoussiérage des collections, la remise en place d'objets, ou encore l'inventaire, bref pas le temps de s'ennuyer.
C'est une version du Musée des Confluences que vous ne verrez jamais, à moins d'y travailler : un lundi, jour de fermeture. De l'extérieur, on pourrait naïvement penser que, sans public, c'est relâche aussi pour les équipes de cette institution qui fête sa première décade. Il n'en est rien, et cela serait même plutôt l'inverse.
C'est ainsi qu'au détour d'un dépôt, notre équipe a croisé un tigre mené précautionneusement par Isabelle George-Aucoin, assistante de conservation préventive et curative. La bête, empaillée, revient d'une sorte de toilettage au sous-sol. Avec une infinie précaution, son assistant et elle replacent l'animal sur son socle, contre un autre de ses congénères.
Puis vient le temps du brossage du pelage ... au pinceau. Là, pas question de compter son temps, seul le résultat compte, car si les poils prennent une mauvaise tournure, il sera très difficile de corriger le tir plus tard.
Ce luxe de précaution, on le retrouve partout, lors de ces journées de fermeture. Un paradoxe quand on sait que ces moments suspendus, sans public, sont rares et donc qu'il faut en faire un maximum en un minimum de temps. Se hâter lentement donc, sans risquer de détériorer quoi que ce soit ou de rater le détail fatidique.
Le matin, il y a les équipes de ménage, de sécurité, pour nettoyer, vérifier que tout est OK. Il y a les équipes techniques au niveau des installations muséo, des vidéos, des installations sonores, on s'occupe des rotations d'objets. Il y a beaucoup d'opérations. Sur certains lundis c'est très dense.
Laura Clerc, régisseuse des oeuvres, Musée des Confluences
Dépoussiérage des objets, chasse aux insectes nuisibles : ces opérations ne sont pas une sinécure dans un musée qui comporte quelque 3,5 millions pièces de toutes les tailles. Un combat titanesque, tout comme l'inventaire et le "récolement".
Inventaire et récolement
Le récolement, c'est une obligation légale depuis 2002 qui doit être remplie tous les 10 ans. C'est une vérification de la présence physique des éléments inventoriés, leur état, leur marquage et la conformité de l'inscription avec l'inventaire.
En ce lundi 16 décembre, notre équipe trouve Victoria et Auréline en plein travail. La salle où elles officient ce jour comporte environ 2000 pièces. "Ça n'est pas toujours évident, confie Victoria, car il existe parfois de petites ressemblances". C'est peu de le dire tant, pour les béotiens que nous sommes, rien ne ressemble plus à un oiseau coloré qu'un autre oiseau coloré.
Cet exercice, voilà déjà un an qu'elles le pratiquent ... Les lundis de préférence, jour d'absence du public. Car difficile d'imaginer se concentrer avec de badauds bruyants dans le dos. Heureusement, pendant les vacances scolaires, le musée est ouvert 7 jours sur 7. Une meute de curieux à accueillir, mais une pause, dans le récolement ... jusqu'en 2025.
Réalisé à partir du reportage de Béatrice Tardy et Sandie Goldstein, montage Baptiste Fontaine diffusé le 19 décembre.