Salon de l'agriculture 2021 annulé : la Chambre Régionale aimerait organiser le Concours agricole à Lyon

L'édition 2021 du Salon de l'Agriculture, qui devait se tenir à Paris du 27 février au 7 mars, est annulée en raison de l'épidémie, mais le concours général des produits agricoles et des débats publics sont maintenus.

"Il est de notre responsabilité (...) de dire le plus en amont possible notre décision, qui est de reporter à l'année suivante le Salon de l'Agriculture, tout en maintenant à Paris et dans différentes villes des événements dont les agriculteurs ont besoin" pendant cette semaine-là, a déclaré Jean-Luc Poulain, le président du Centre national des concours et expositions agricoles (Ceneca), propriétaire du salon.
On se souvient que le plus gros salon en France s'était tenu in extremis début 2020 juste avant le début du confinement lié à l'épidémie de Covid-19. Il avait accueilli 540.000 visiteurs contre 650.000 les années précédentes.

Cette décision a son importance, notamment pour les agriculteurs de la région Auvergne-Rhône Alpes.
Notre région compte 116 000 actifs agricoles  et 62500 exploitations pour une  surface agricole moyenne par exploitation de 52 ha (contre 61 ha en moyenne en France). Une région dont l’activité agricole est largement tournée vers l’élevage où toutes les filières animales sont présentes : lait, viande bovine, ovine, porcine, lapins, aviculture, apiculture. C'est aussi un bassin de consommation de plus de 7,8 millions d’habitants dont ont su profiter les agriculteurs commercialisant en circuits courts, soit plus de 22.5 % des exploitations.

C'est un coup dur pour l'agriculture en général.


Le président de la Chambre d'Agriculture en Auvergne Rhône Alpes, Gilbert Guignand, reconnait ne pas avoir été surpris par cette annonce

Il y avait déjà une bonne semaine que l'on se demandait si l'on pourrait maintenir l'édition 2021. Quand on voit la crise sanitaire en France, on comprend que l'on ne pouvait pas engager des coûts pour tous les exposants qui y participent. On aurait certainement subi beaucoup de désistements, de toute manière. Malheureusement, on en est tous malade. Ce salon, tout comme le Sommet de l'élevage de Cournon, sont des rendez-vous très importants pour l'agriculture de notre région.

Est-ce un coup dur pour l'économie agricole régionale ?
C'est un coup dur pour l'agriculture en général. Ce salon est un formidable outil de communication. Un certain nombre d'actions seront tout de même maintenus durant la même période, mais rien ne remplacera la présence de 700 000 visiteurs dans les allées du Salon de l'agriculture. C'est aussi un carrefour pour les éleveurs qui vendent de la génétique, au travers des concours pour animaux, qui seront tous annulés. Il y aura aussi des pertes économiques pour un certain nombre de producteurs qui y font de la vente directe, et y rencontrent leurs clients, à Paris. On espère que ces clients resteront dans la même dynamique vis à vis de ces producteurs. 

Selon vous, comment l'agriculture traverse-t-elle cette période crise sanitaire qui dure ?
Heureusement, on est revenu à peu près aux niveaux de production que l'on connaissait avant le confinement. Les circuits courts se portent même un peu mieux, tout comme le "consommer local" et le "consommer français" encore d'avantage. Mais ce salon 2021 aurait été l'occasion de mettre l'accent sur ces marchés intérieurs. 

Y'aura-t-il des pertes économiques importantes dans l'agriculture, dues à la Covid 19 ?
Notre inquiétude principale ne porte pas sur les effets de la pandémie sur nos exploitations. Ce que l'on redoute le plus, c'est une perte potentielle du pouvoir d'achat des français. Car le secteur alimentaire, et donc l'agriculture, vont en souffrir. 

Envisagez-vous des actions pour "compenser" l'annulation du salon ?
Notre région, je l'espère, pourra participer à quelques marchés de producteurs sur Paris pendant la période initiale de ce salon. Nous sommes en train d'organiser cela avec des producteurs en vente directe. Le rendez-vous le plus important pour nous était le Concours agricole, avec les vins, les fromages, la charcuterie. J'aimerais qu'on puisse l'organiser à Lyon, car les lieux ne sont pas encore définis. 

Une idée saluée par Jean-Pierre Taite, vice-président en charge de l'agriculture et la ruralité au Conseil régional de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, avec un bémol 

La capacité de l'organiser est reelle. Reste à savoir si l'on sera en mesure de réaliser les choses, en fonction du contexte sanitaire. Je ne sais pas si, dans le classement actuel en zone écarlate de la Métropole, nous pourrions le faire. Mais l'idée de "récupérer" cet événement et d'afficher au moins cette vitrine serait indéniablement une bonne chose. Si c'est jouable, on le fera avec plaisir.

Cette année, on devait même avoir une vache "égérie" issue de notre région Auvergne Rhône Alpes

Comment avez-vous accueilli cette mauvaise nouvelle ?
La décision d'annuler le salon est décevante mais compréhensible par rapport à l'actualité. Cet événement est un événement particulier pour toute la profession agricole et l'image des territoires. Cette année, on devait même avoir une vache "égérie" issue de notre région Auvergne Rhône Alpes. Donc ce sera sans doute pour l'an prochain, et on est un peu déçus. Le stand de notre région est l'un des stands importants des grandes collectivités et cela nous permet de mettre en avant toutes nos productions locales. C'est aussi un moment de fête. Toutefois, même si cette crise du Covid a modéré les choses, je pense que les agriculteurs attendaient beaucoup ce moment pour passer des messages positifs. Les agriculteurs souffrent en ce moment d'une sorte d'agri-bashing. 

La Région envisage-t-elle d'organiser des événements pour compenser ce Salon ?
Nous avons des reflexions sur le sujet, mais elles sont bien freinées par le contexte. Aujourd'hui, on est dans une certaine prudence, avec cette pandémie qui est bien présente. Par exemple, on doit aussi se résigner à l'annulation du traditionnel Marché du goût, place Bellecour à Lyon... On reste tout de même toujours en soutien permanent de notre agriculture. Heureusement, les circuits courts et les produits du terroir, commes nos appelations, ont plutot bénéficié de cette période sanitaire. Les gens ont d'avantage consommé local et ont privilégié la qualité. Je pense qu'on devrait sortir de la crise en étant les moins "abimés" possibles.

Le Conseil régional consacre un budget de 100 millions d'euros par an l'agriculture, soit le plus gros budget des régions françaises. Somme à laquelle 20 millions d'euros d'aides d'urgence dans cette période compliquée. 

 

 
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