Un réfugié tibétain comparaît lundi 17 mai devant la cour d'assises de la Savoie pour un double assassinat et une tentative de meurtre au printemps 2017 à Chambéry.
C'est le procès d'un double meutre qui s'ouvre lundi 17 mai à Chambéry. Les faits datent du printemps 2017, quand l'accusé, un réfugié tibétain, avait découvert que sa compagne le trompait avec son ami d'enfance.
Quand il est filmé par des caméras de vidéosurveillance se dirigeant vers le restaurant asiatique Le Grand Buffet Royal, le 26 mai 2017 en milieu d'après-midi, Atsok Drudup Tsang semble très calme. Moins de trente minutes plus tard, un témoin raconte l'avoir vu repartir tout aussi posément. Entre les deux, "j'étais envahi par la colère", devait reconnaître cet homme de 41 ans, fils de paysans tibétains, lors de sa garde à vue.
De fait, lorsque les enquêteurs arrivent sur les lieux, ils découvrent du sang partout, deux morts et un blessé. Un couteau de cuisine, avec une lame ensanglantée de 20 centimètres de long, sera retrouvé à proximité. Quelques jours auparavant, Atsok Drudup Tsang avait compris que sa compagne Karma Tsering Garsa Tsang entretenait une relation amoureuse avec son ami d'enfance Dawa Tashi Tsang.
Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité
Depuis Nanterre, où il résidait dans un foyer, Atsok Drudup Tsang prend le train pour Chambéry. Le 25 mai au soir, selon ses dires, il retrouve sa compagne qui lui avoue la liaison. Le lendemain, son ami Dawa Tashi Tsang, qui officie comme cuisinier dans le restaurant où travaille sa compagne, lui aurait confirmé l'existence de la relation.
Quelques heures plus tard, en arrivant au restaurant, Atsok Drudup Tsang croise celle qu'il considère encore comme sa compagne, ainsi qu'un autre employé du restaurant, Kevin Pernet dit Rosset. Extrêmement nerveux, il aurait demandé à la femme de lui donner les clés d'accès à l'escalier menant aux chambres des employés du restaurant, où se trouvait son ami d'enfance. La femme refusant, l'autre employé se serait interposé. Il a reçu un coup de couteau dans le bras.
Karma Tsering Garsa Tsang a été découverte poignardée dans le dos, sur le parking de l'établissement situé dans une zone commerciale de la ville. Dawa Tashi Tsang a, lui, été retrouvé le corps lardé de coups de couteau sur un lit de la chambre qu'il occupait.
La qualification des faits sera contestée par la défense, qui récuse notamment la préméditation. Pour son avocate Solène Royon, l'un des enjeux sera aussi de faire comprendre à la cour "la logique totalement bouddhiste" de l'accusé. Selon des sources judiciaires, Atsok Drudup Tsang semblerait accorder plus d'importance au châtiment de son âme qu'à la sanction pénale. Il s'est montré comme détaché du processus judiciaire, sans pour autant être indifférent.
Atsok Drudup Tsang encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Verdict le 19 mai.