Les habitants de Séez, en Savoie, ont eu la mauvaise surprise de recevoir une facture d'eau d'un montant "exorbitant", disent-ils. Une augmentation nécessaire selon la mairie. Explications.
Séez est une petite commune de montagne située aux portes du col du Petit Saint-Bernard, en Savoie. Mais ses 2 500 habitants ont eu la mauvaise surprise de voir le prix de l’eau fortement augmenter cette année, passant de 1,50 euro le mètre cube à 2 euros, soit une hausse de 33 %.
La crainte des commerçants
Jean-Pierre Ferraris est restaurateur dans cette commune depuis 54 ans. Pour la première fois, il a reçu une facture d’eau en plein milieu de l’été, et la note est très salée. Il doit payer pour six mois ce qu’il a payé en un an l’année dernière. "Un coup dur", confie le restaurateur.
"On est des petits commerçants, je travaille beaucoup avec des locaux et des ouvriers. Le prix de l’électricité a déjà doublé, le prix de l’eau double... Demain, si je double le prix de mes plats, je n’ai plus de clients, alors comment je dois faire, expliquez-moi. Pour les années à venir, on ne sait pas comment ça va se passer", questionne-t-il.
Une hausse nécessaire pour la mairie
En zone de montagne, l’eau coûte cher à acheminer. Et à Séez, il faut entretenir les 40 kilomètres de réseaux devenus trop vétustes. Un projet colossal évalué à 10 millions d’euros sur dix ans pour la commune.
"Le problème, c’est que l’on est en montagne et qu’il faut des kilomètres de réseau pour alimenter ces personnes-là en eau, explique le maire de Séez, Lionel Arpin, donc il faut payer le renouvellement, l’entretien et c’est tout ça qui coûte très cher." Avant d’ajouter : "Je conçois que sur le volume, ça fait beaucoup d’argent. On conçoit également que pour des familles, c’est une somme difficile à payer. Nous avons des systèmes d’aides et il ne faut pas que les gens hésitent."
"On oublie le côté humain"
Dans cette commune, le prix de l’eau n’avait pas augmenté depuis huit ans. Pour les usagers, la méthode reste brutale : " Je suis en colère par rapport au manque de communication. On oublie le côté humain alors que dans un village, c’est très important. Ils ont mis des gens en grande précarité. Je suis en colère qu’on ne sache pas communiquer ni informer pour dire attention, il va y avoir une augmentation sur l’eau, vous devez prévoir cette dépense et si vous avez besoin d’explication, nous serons là. Là, on se retrouve avec des gens qui n’ont pas pu payer la dernière facture et qui se demandent comment ils vont payer celle de décembre", déplore Céline Demarson, habitante de Séez.
Une maladresse de communication que le maire reconnaît volontiers. "On a fait des réunions publiques, on en a parlé dans le bulletin municipal, ce ne sont peut-être pas les seuls vecteurs qu’il aurait fallu utiliser. Là-dessus, mea culpa," confie l'édile.
Une réunion publique a d’ailleurs été organisée. Une deuxième facture d’eau est attendue en décembre. Pour l’instant, les usagers n’ont encore aucune idée de son montant.
