Le trésor du glacier des Bossons, probable vestige d'un crash aérien, vendu aux enchères à Chambéry

En 2013, un alpiniste découvrait une boîte remplie de pierre précieuses lors d’une course dans le massif du Mont-Blanc. Ce mercredi 11 octobre, il se séparait de l’intégralité de son butin lors d'une vente aux enchères organisée à Chambéry, en Savoie.

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Le trésor prenait la forme, ce mercredi 11 octobre, d’une quarantaine de boîtes de Petri, alignées sur une table entre les services de porcelaine fine et les coffrets de montres de luxe. À l’intérieur des boîtes : émeraudes, saphirs et une jadéite taillée avec un décor gravé de feuilles. Les pierres attirent le regard des curieux venus les admirer, quelques heures avant leur mise en vente par la maison Alpes enchères de Chambéry.

"Ce sont les pierres qui m’ont fait venir là", reconnaît un "ancien habitué de la salle des ventes" qui s'est déplacé "par curiosité". "Qui les a taillées ? Personne ne le saura jamais...", s’interroge-t-il. Ce "mystère" fait tout le sel de ces gemmes présentées telles qu’elles ont été découvertes par le vendeur lui-même, dix ans plus tôt, au glacier de Bossons sur le massif du Mont-Blanc.

Relâché par les glaces

À la faveur de la fonte estivale, l’alpiniste apercevait une boîte métallique contenant des sachets de pierreries dont certains portant la mention "Made in India". Le site est connu pour rejeter régulièrement des vestiges de catastrophes aériennes. L’hypothèse communément admise est que le coffret serait arrivé là à bord du Kangchenjunga, le Boeing 707 de la compagnie Air India, qui s’est écrasé en 1966 à 4 750 m d’altitude, tuant tous ses passagers.

En 2013, la presse parle d’estimations comprises entre 130 000 et 246 000 euros. Avec le temps, le chiffre s’est dégonflé. "On va de 20 à 500 euros", explique Anne Leroy à deux dames qui caressent l’espoir de "ramener un souvenir". "C’est tel que ça a été trouvé, souligne la commissaire-priseur : du gros, du moins gros, du taillé, du brut, quelques pierres ébréchées ou accidentées…" Des matériaux destinés à faire du pavage pour la joaillerie, selon la maison d'enchères.

Nous avons estimé les pierres en fonction de leur valeur intrinsèque, c’est-à-dire la taille, le nombre, la qualité. La valorisation "trésor" n’a pas été prise en considération : c’est quelque chose de très abstrait et nous ne voulions pas fourvoyer le vendeur dans une estimation mirobolante qui peut-être sera atteinte… Mais peut-être pas !

Aurélie Dugast, commissaire-priseur

"L’inconvénient de ces pierres, abonde un acheteur potentiel, c’est qu’elles sont accidentées pour la plupart. Alors pour une collection, c’est bien. Mais pour monter en bijou, ce n’est pas bien terrible. Sauf quelques pierres : il y a des séries de saphirs qui peuvent être montés en collier par exemple." Mais "dans les enchères, l’histoire compte aussi", souligne Aurélie Dugast. 

Quatre fois l'estimation

Et celle-ci est exceptionnelle. En témoignent la rapidité avec laquelle les lots se sont vendus dans l'après-midi. En une demi-heure, la centaine de pierres évaluée à 6 000 euros est écoulée pour la somme totale de 25 000 euros.

Désormais éclaté entre différents propriétaires, le trésor des Bossons reste accessible au public – du moins en partie. En vertu de l’article 716 du Code civil, la moitié est revenue à la commune de Chamonix, sur le territoire de laquelle se trouve le glacier. Une part qui a intégré les collections de son musée des Cristaux. Il a rouvert ses portes en mars dernier, après deux ans de travaux.

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