Ce lundi 4 mars, le parking de l'hôpital privé Médipôle à Challes-les-Eaux a été investi par près de 130 membres du personnel, selon la CGT. A l'appel des syndicats, de nombreux aides-soignants, infirmiers et brancardiers se sont mis en grève pour revendiquer de meilleures conditions de travail.
Depuis 6h30, des dizaines de salariés ont investi le parking de l'hôpital privé de Challes-les-Eaux, près de Chambéry. Une marée d'aides-soignants, brancardiers et infirmiers s'est répandue sur le parvis du Médipôle de Savoie.
Une mobilisation inédite dans cet établissement de santé pour dénoncer les conditions de travail des employés. Une grande partie des opérations chirurgicales a donc été déprogrammée et reportée à une date ultérieure.
"On ne nous donne pas les moyens de prendre en charge les patients"
A l'appel des syndicats CFDT, CGT et Force ouvrière de l'hôpital privé, 130 membres du personnel ont répondu présent ce lundi 4 mars. Ce piquet de grève historique au Médipôle de Challes-les-Eaux résulte d'une "dégradation des conditions de travail".
"Cela fait 18 mois que nous avons des travaux. Nous avons des beaux locaux, tout est bien agencé, mais on manque de place pour accueillir autant de patients que la direction le souhaite. [...] Les box d'entrée ne sont pas suffisants", explique Maude Labreuche, déléguée CGT. Selon elle, l'hôpital privé accueille aujourd'hui environ 120 patients par jour pour les différentes interventions. Mais la direction souhaiterait augmenter ce chiffre à 180.
Le quotidien de ses salariés ne cesse de se dégrader, selon les témoignages recueillis sur ce piquet de grève. "On ne nous donne pas les moyens de prendre en charge nos patients pour maintenir une sécurité dans le travail. Aujourd'hui, l'équipe est très fatiguée. Il y a beaucoup d'arrêts de travail, de burn-out. En plus de cela, on a des difficultés pour recruter des infirmières. Alors on nous en demande toujours plus", raconte Raphaëlle Natter, infirmière de bloc opératoire au Médipôle.
7 % d'augmentation des salaires réclamée
Au-delà de cette surcharge de travail, les organisations dénoncent des horaires de travail prolongés et un non-respect de la charte du bloc. "La dernière intervention doit débuter avant 18h30 pour que tout le monde puisse finir à des horaires corrects. Actuellement, les patients arrivent en salle de réveil à 22 heures voire 23 heures", s'alarme Maude Labreuche.
Parmi les revendications majeures des syndicats : la revalorisation des salaires. Une augmentation immédiate de 7 % est aujourd'hui réclamée pour l'ensemble des salariés. "On est dans l'attente des nouvelles tarifications. Je pense que la direction peut faire quelque chose. Nous espérons obtenir le plus possible car nos salaires sont vraiment trop bas", estime Mireille Rossi, infirmière en salle de réveil et déléguée syndicale Force ouvrière.
Plusieurs propositions ont été formulées par la direction comme une prime d'assiduité de 3 %, une augmentation des salaires de 2 % selon la classification, ainsi que le maintien du treizième mois. Des réponses insuffisantes pour les grévistes qui entendent poursuivre la mobilisation.
La direction assure vouloir recruter et augmenter les salaires
La direction affirme avoir mis en place un plan de négociations pluri-annuel afin de travailler main dans la main avec les syndicats et les salariés. Mais l'hôpital privé du Médipôle a été frappé par l'inflation. Ainsi, les augmentations prévues "se sont avérées insuffisantes", selon Michel Pesenti, directeur de l'établissement.
"Ce qu'on leur propose est considérable pour un établissement qui n'a pas de véritables perspectives pour l'avenir. [...] Je comprends leur impatience mais je ne suis pas maître du temps", explique le directeur.
Lorsque la direction parle de temps, c'est tout simplement un délai pour améliorer les conditions de travail de ses salariés. Depuis plusieurs mois, l'établissement construit deux nouvelles salles d'opération pour répondre à la forte demande. Chaque année, 30 000 interventions chirurgicales sont menées au Médipôle.
"Si on construit des salles, c'est pour deux raisons. Premièrement, c'est pour donner la possibilité aux chirurgiens d'opérer. Mais c'est aussi avoir une meilleure qualité de vie au travail, car c'est notre outil de travail à tous", ajoute Michel Pesenti.
Ainsi, les nouvelles salles permettront de répartir les patients et de réduire les horaires de travail des salariés. La direction assure également être en phase de recrutement de personnel et espère pouvoir compléter ses effectifs d'ici la rentrée de septembre, une fois les travaux des blocs opératoires terminés en mai prochain.
Malgré ces "garanties" apportées par la direction du Médipôle, les organisations syndicales ont affirmé dans l'après-midi que la grève serait reconduite le mardi 5 mars, car les annonces "n'ont convaincu aucun salarié".