Boris a 15 ans et souffre d'une déficience visuelle. Toute l'année, il bénéficie d'aménagements pour suivre une scolarité normale. Sauf lorsqu'il passe un examen national. Ce matin, Boris s'est rendu à une épreuve au Lycée Louis Armand à Chambéry, sans savoir s'il allait pouvoir lire l'énoncé.
8 heures ce matin du 6 février : Boris et ses parents arrivent au Lycée Louis Armand à Chambéry. Dans quelques minutes, le garçon va passer un examen de certification d'anglais qui compte pour le Bac. Comme pour le brevet l'an dernier, l'énoncé sera écrit dans une police de caractère qu'il ne peut pas lire.Depuis l'âge de 12 ans en effet, Boris souffre d'une dégénérescence de la rétine. Il ne peut lire un texte en taille normale. Ni même en taille 20, l'adaptation prévue par l'Education Nationale. Il lui faudrait la police de caractère 32.
Intervenants : Boris Gatto, Stéphane Gatto père de Boris, Aline Lombard directrice SAAAIS 73 et 74
Reportage : C. Aubert, D. Bourget, S. Villatte
Boris souffre de la même pathologie que son père Stéphane. "Nous ne distinguons pas les traits d'un visage, juste ses contours" explique celui-ci. "Si la police de caractère d'une phrase est trop petite, les lettres se mélangent".
Toute l'année, Boris suit une scolarité normale en classe de seconde au Lycée Louis Armand. Grâce à la SAAAIS, une association qui accompagne les jeunes déficients visuels. Tous les cours et les contrôles de Boris sont adaptés par un enseignant spécialisé et transcrits par le CRTV de Villeurbanne (le Centre Technique Régional pour la déficience visuelle du Rhône), il est également épaulé par une AVS, une assistante de vie scolaire.
Mais, pour les examens nationaux, le cadre est plus rigide. L'Education Nationale ne prévoit que trois cas : la taille 16, la taille 20 et le braille. C'est d'ailleurs ce que certains interlocuteurs ont conseillé aux parents de Boris... qu'il apprenne le braille.
"Pour moi c'est aberrant", confie Stéphane Gatto. "A l'époque mon ophtalmologue m'avait bien expliqué qu'il est très mauvais d'apprendre le braille quand on en a pas besoins. Boris a juste besoin qu'on grossisse un peu les caractères".
Pourtant, il y a bien une circulaire visible sur le site du gouvernement legifrance, qui indique qu'un élève doit pouvoir passer un examen dans les mêmes conditions que celles qu'il connaît dans sa scolarité au cours de l'année.
Lire la circulaire n° 2015-127 du 3-8-2015 relative à "l'organisation des examens et concours de l'enseignement scolaire pour les candidats présentant un handicap":
Circulaire n°2015-127 du 3-8-2015
Finalement, le Rectorat a accepté que l'enseignant spécialisé de Boris vienne à son aide. A son grand étonnement, le garçon l'a vu arriver le matin de l'épreuve. Il a pu passer l'examen, mais avec trois heures de retard. Il en est sorti soulagé, mais à 14h30 au lieu de 11h30...
Pour ses parents, un nouveau combat commence... le Bac, dès l'année prochaine.