Témoignage. "Il nous faut des réponses pour nos enfants" : dix ans après la mort de leur nourrisson à l'hôpital, les parents attendent toujours un procès

Publié le Écrit par Antonin Blanc et Fleur De Boer
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En 2013, trois nourrissons avaient perdu la vie à l'hôpital de Chambéry, en Savoie. Une bactérie présente dans leurs poches de nutrition serait à l'origine de ces décès. Mais dix ans plus tard, les parents des victimes restent dans l'attente d'un procès.

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Le temps passe, mais la plaie reste ouverte. A l'automne 2013, trois nourrissons étaient venus au monde à l'hôpital de Chambéry. Les nouveaux-nés prématurés étaient morts en quelques heures seulement dans leur couveuse du service de réanimation néonatal.

Seul point commun relevé entre ces trois décès, les poches alimentaires qui ont nourri les bébés. Toutes ont été élaborées par un laboratoire normand de Courseulles-sur-Mer. Pour la ministre des Affaires sociales et de la Santé de l'époque, Marisol Touraine, la responsabilité du fabricant était engagée.

"Il nous faut des réponses pour nos enfants, une justice digne"

Mais dix ans plus tard, les familles de ces trois victimes n'ont obtenu aucune réponse de la justice. Toujours dans l'attente d'un procès, Laurent Podsiedlik, père de la petite Chloé, a décidé de se confier sur ce long chemin de croix.

"Lorsque l'on a rencontré la juge au tout premier rendez-vous, elle nous avait annoncé entre deux et cinq ans de procédure. Aujourd'hui, on est à dix ans et demi, je pense que le délai raisonnable a été dépassé depuis longtemps. Il nous faut des réponses pour nos enfants, une justice digne pour eux", s'alarme le père de famille.

Reçu par un juge d'instruction du pôle santé de Marseille au printemps 2022, la famille espérait un dénouement rapide. Mais aujourd'hui, la procédure semble à l'arrêt à la suite d'un recours déposé par le laboratoire Marette il y a près d'un an et demi. La cour d'appel d'Aix-en-Provence doit se prononcer lors d'une audition dont la date demeure inconnue.

"Malgré sa mise en examen, il [le responsable du laboratoire, NDLR] reste tout de même innocent jusqu'à son procès. Et c'est là que c'est important pour nous d'avoir un procès car pour l'instant, nous n'avons pas de coupable", raconte Laurent Podsiedlik.

"On ressasse en permanence tout ce qui s'est passé"

Aujourd'hui, les familles restent dans l'attente. Des mois interminables où les parents repensent éternellement aux heures précédant le décès de leur nourrisson. "On ne peut pas tourner la page car on ressasse en permanence tout ce qui s'est passé, pour être sûr de ne rien oublier. Maintenant, on a besoin d'apaisement."

La petite Chloé est décédée à l'âge d'un mois et demi, à l'hôpital de Chambéry, en décembre 2013. Un choc et une tristesse encore plus profonde pour Laurent Podsiedlik et sa compagne lorsqu'ils ont appris que sa mort n'était pas d'origine naturelle.

"La rencontre avec les autres familles a été un moment plus que difficile. S'en est suivi le début de l'enquête avec de nombreux rapports, expertises et auditions. Je pense que le travail a été bien fait pendant des années. Mais maintenant, on dénonce la fin de procédure où les choses s'arrêtent là. On ne va pas attendre des années et des années", confie le père endeuillé.

Pour poursuivre sa reconstruction, Laurent Podsiedlik a écrit au président de la République ainsi qu'au ministère de la Justice. Des lettres restées sans réponse encore aujourd'hui. Le député de sa circonscription n'a pas non plus donné suite à ses sollicitations.

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