La permanence d'accès aux soins (Pass), au sein de l'hôpital de Chambéry (Savoie), permet aux personnes en grande précarité, qui n'ont plus ou pas de droit aux soins, de recevoir une aide médicale et sociale. Un double accompagnement essentiel, réalisé avec l'aide d'une association savoyarde luttant pour l'insertion, l'intégration et contre la pauvreté.
"Notre rôle est de favoriser l’accès aux soins aux personnes sans droit", décrit Christiane Beget, infirmière à la Permanence d'accès aux soins de santé (Pass) de Chambéry, au sein de l’hôpital. Grâce à cette cellule, ces personnes démunies reçoivent une prise en charge médico-sociale.
Les bénéficiaires sont en rupture de droits ou n’ont pas encore accès à l’aide médicale d’Etat (AME). À Chambéry, la Pass fonctionne avec la Sasson, une association savoyarde "qui accompagne les personnes en grande précarité, de la rue au logement", explique Valérie Chabiron, coordinatrice veille sociale de la Sasson. "Ce sont des personnes qui ont fait passer le soin au second plan. Quand ils arrivent dans nos services, bien souvent il y a d’énormes besoins de prendre en charge la santé", décrit-elle.
Un accompagnement de santé mais aussi social
La Sasson accueille chaque jour près de 150 personnes par jour, sans couverture sociale, dont la moitié est redirigée vers la Pass, pour des besoins médicaux d'urgences. Elle reçoit également sur rendez-vous les bénéficiaires, tous les mardis et vendredis, de 13h30 à 15h, grâce à un point de santé tenu avec une infirmière de la Pass et un médecin bénévole.
L'accompagnement passe par deux volets : l'accès au droit et l'accès aux soins. En effet, en parallèle de leur prise en charge médicale, les personnes sont accompagnées par des assistantes sociales de la Pass pour leur donner accès au soin de droit commun, mais aussi pour leur trouver des solutions d'hébergement.
Angélique fait partie des bénéficiaires de la cellule. Elle a quitté sa région pour rejoindre ses enfants qui étaient en garde chez leur père. Elle s’est retrouvée à la rue, sans logement, sans ressources et avec une couverture sociale qui n’était plus à jour. C’est ainsi "qu’on a remis en place un traitement psychologique. Et comme elle a une certaine fragilité psychique, on essaye de la soutenir, d’étayer tous les rendez-vous qu’elle a sur l’hôpital. Car on ne prend pas en charge tout seul la personne", raconte Christiane Beget, l’infirmière.
Pour Angélique, ce dispositif est une aubaine pour "être remise sur pied". "Ici, j’ai accès à une infirmière, à un médecin et à un psychologue. Je suis entourée par des personnes qui se parlent entre elles qui connaissent mon dossier", témoigne-t-elle.
La suppression éventuelle de l'AME fait craindre "des ruptures de soins"
Les soins prodigués par la Pass sont un impératif "pour la personne et la population en général", estime l'infirmière. Mais la menace de la suppression de l'AME (Aide médicale d'Etat) inquiète les personnels qui interviennent dans ce dispositif.
Bruno de Goer, médecin généraliste et addictologue à l’hôpital de Chambéry, explique : "Si demain, il n’y a plus d’accès à l’aide médicale d’Etat, ça va avoir des conséquences pour les patients, bien sûr avec des ruptures de soins. Ça va avoir des conséquences pour les professionnels qui passent du temps à essayer de trouver des solutions, car il faut bien évidemment soigner. Pour l’hôpital en général puisque les personnes vont se retrouver aux urgences, dans des situations beaucoup plus problématiques, mais aussi pour les assistantes sociales."
La suppression de l'AME pourrait s'inscrire dans le texte du projet de loi immigration, adopté par le Sénat et qui doit arriver à l’Assemblée nationale, le 11 décembre prochain.