Il aura fallu 18 mois de travaux pour rajeunir de 60 ans le chalet Lionel Terray. Un investissement de trois millions et demi d'euros a permis d'améliorer le confort, l'accessibilité et de doter le vieux bâtiment d'équipements d'enseignement de génération 2.0. Une bâtisse symbole du vœu oublié des pères fondateurs de Courchevel : le tourisme social.
"Offrir des loisirs à prix modestes pour rendre la montagne accessible à tous" : tel était le credo du Conseil général de la Savoie à l'heure de décider de la création de la station en 1945. S'il reste un édifice pour rappeler ces origines, c'est bien le chalet Lionel Terray.
A sa construction en 1961, il était encore bien difficile d'imaginer que 60 ans plus tard, il jouxterait le fameux hôtel K2, l'un des plus prestigieux palace de la Courchevel actuelle.
"Mais c'était déjà dans l'air", explique Nicolas Riboulet, le responsable du pôle "accueils et tourisme social" de la Fédération des Oeuvres Laïques 73, gestionnaire du Chalet Lionel Terray depuis 1965.
"Dès la fin des années 1950, début des années 60, l'arrivée de riches Anglais, avait commencé d'orienter la station vers le haut de gamme. D'où l'idée du Conseil général de la Savoie de l'époque de préempter l'un des derniers terrains encore disponibles pour créer un centre de vacances à vocation sociale". En témoignage en quelque sorte, de l'idée des pères fondateurs de la station au sortir de la Seconde Guerre mondiale.
Une volonté de faire partir à la neige les scolaires savoyards dont la mise en application à Courchevel est toujours confiée aux soins de la F.O.L 73 : premier opérateur européen de tourisme social.
5000 jeunes chaque année
"D'ailleurs, aujourd'hui, les 2 tiers de notre clientèle vient encore du département et de la région Aura", précise encore Nicolas Riboulet. "Nous n'avons jamais abandonné, non plus, un concept qui nous est cher : celui dit des 'semaines savoyardes', des semaines de vacances réservées aux seuls écoliers savoyards et à tarifs définis en accord avec le Conseil départemental de la Savoie".
Classes de découverte, colonies de vacances, groupes, familles, sportifs en stage... Chaque année, ce sont 5000 jeunes de la région qui sont accueillis dans ses murs, implantés à Courchevel en 1850.
"Mis à part des travaux d'extension en 1977, il n'avait jamais été rénové depuis sa création", explique son ancien directeur Cyril Girardet, qui vient tout juste de quitter ses fonctions au sein de la Fédération des Œuvres Laïques. Il n'était que temps, semble-t-il pour nombre de visiteurs : "Les sanitaires en commun commençait à ennuyer beaucoup de monde."
Terminé le chalet à l'ancienne. A la faveur de 18 mois de travaux et d'un investissement de trois millions et demi d'euros, le nouveau "Lionel Terray" est arrivé. Plus grand, avec 25 lits supplémentaires (185 lits au total désormais), des sanitaires dans chaque chambre, une accessibilité pour les handicapés. L'isolation thermique intérieure a également été améliorée, un chantier qui doit se poursuivre avec l'extérieur l'an prochain.
"Une petite révolution"
Mais ce qui retient peut-être plus encore l'attention, c'est l'entrée du chalet dans l'ère des nouvelles technologies. "Ça ne paraît peut-être pas grand chose, mais pour le chalet, l'arrivée de la fibre est une petite révolution", explique encore Cyril Girardet. Une installation qui va permettre d'exploiter le potentiel de quatre écrans immersifs de la nouvelle salle de réalité virtuelle.
"Grâce à ce type d'équipement, on peut par exemple faire vivre à un jeune en fauteuil l'ascension d'un sommet ou lui permettre de recevoir une formation qui le prépare à des situations d'urgence tels qu'une avalanche", expose Cyril Girardet.
L'ambition va au-delà du jeu ou du loisir d'après ski ou rando. Le mur numérique, les bornes ludiques, ou même le tunnel d'e-sport qui trônent désormais sur tout un étage doivent enrichir les méthodes d'enseignement des classes de neiges. Le chalet figure ainsi parmi les sites pilotes désignés par la Ligue de l'enseignement.