Depuis plusieurs semaines, les acteurs du secteur s'alarment de la hausse des prix de l'électricité à l'approche de la saison hivernale et travaillent sur des mesures de sobriété énergétique. Un enjeu sur lequel la ministre déléguée en charge du Tourisme, Olivia Grégoire, est revenue ce mardi.
"La situation va être tendue cet hiver, il faut regarder la réalité en face." Auditionnée par la Commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale ce mardi 20 septembre, la ministre déléguée en charge du Tourisme a partagé le constat exprimé depuis plusieurs semaines par les professionnels des stations de ski, inquiets de la hausse des coûts de l’électricité à l’approche de la saison.
Se préparer au "scénario du pire"
Mais alors que les plans de réduction de la consommation visent à atteindre 10 % d’économies d’énergie, Olivia Grégoire a souligné que le secteur devait se préparer à aller plus loin "en cas de tension accrue". "10 %, c’est la base de la sobriété et les acteurs du tourisme de montagne sauront le faire", a-t-elle souligné, appuyant sur les discussions en cours avec Domaines skiables de France et qui doivent se poursuivre lors du congrès de la chambre professionnelle, le 30 septembre à Lyon.
"C’est un travail que nous menons conscients des difficultés pour les acteurs du tourisme en montagne, a-t-elle ajouté. Il nous faut nous préparer, dans le scénario du pire, à pouvoir atteindre des -20 ou -25 % [d’économies d’électricité]." Un chantier sur lequel les opérateurs "sont en train de travailler en ce moment-même", a assuré Olivia Grégoire.
Début septembre, maires des communes de montagne et exploitants des domaines avaient exprimé leur inquiétude face à l’envolée des prix de l’électricité. Alors que les membres de Domaines skiables de France s’étaient déjà engagés en 2021 à réduire leur consommation, la crise actuelle poussait de nombreuses stations à aller plus loin. À La Plagne (Savoie), la réduction de la vitesse des télésièges à 4 m par seconde ou encore l’arrêt du ski de nuit étaient par exemple envisagés.
Plafonnement des prix
Mais en parallèle, des acteurs appelaient à un soutien de l’Etat sur les tarifs pratiqués par les fournisseurs. "Même si des économies d’énergie seront réalisées […], des mesures doivent impérativement être prises par les pouvoirs publics sur le prix du MWh pour sécuriser nos collectivités et redonner de la visibilité aux stations pour les prochains mois", exprimait ainsi Jean-Luc Boch, président de l’Association nationale des maires de stations de montagne. Réunie en Assemblée générale ce mercredi, l’ANSM a précisé une position en faveur d’un "plafonnement du mégawattheure à 180 euros".
C’est également le sens de la question posée en audition ce mardi par Virginie Duby-Muller. La députée (LR) de Haute-Savoie interpellait Olivia Grégoire sur les "mécanismes de plafonnement que le gouvernement entend mettre en place afin d’aider un secteur phare du tourisme français". Alors qu’environ 30 % des sociétés de remontées mécaniques sont en passe de renégocier les contrats passés avec leur fournisseur d’ici fin novembre, Olivia Grégoire a renvoyé sur la possibilité de saisie du médiateur de l’énergie. Une démarche en direction notamment des PME qui seraient confrontées à une "reconduction tacite d’un contrat".
Les discussions sont amenées à se poursuivre dès jeudi, lors d’un "échange" organisé avec les élus de montagne au ministère de l’Economie. Interrogée sur le sujet, la secrétaire d’Etat en charge de la Ruralité, Dominique Faure a laissé entendre qu’il faudrait encore du temps pour les voir aboutir, tout en reconnaissant que le gouvernement devra se positionner, de fait, avant début décembre.