"Mon village sous le lac" : L'histoire de trois villages rayés de la carte de France

Tignes, Salles-sur-Verdon et Naussac ont en commun d'avoir disparu de la carte de France. Ces trois villages ont été engloutis sous des barrages au nom de l'indépendance énergétique. "Mon village sous le lac" de Nicolas Bideau revient sur l'histoire et donne la parole à ceux qui ont vu leurs lieux de vie disparaître. Ils racontent leurs combats contre l'oubli. A découvrir dans la France en Vrai sur france 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

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Si les paysages qu'ils offrent sont magnifiques, les barrages de Tignes en Savoie, de Salles-sur-Verdon dans le Var et de Naussac en Lozère ont poussé sur des villages. Des villages qui, au nom de l'indépendance énergétique de la France, ont été engloutis. Des villages rayés de la carte de France : Tignes en 1952, Salles-sur-Verdon en 1974 et au Naussac en 1983.

Quitter la terre pour les besoins de la Nation

Car c'est bien de cela dont il s'agit : quitter la terre pour les besoins de la Nation. Que ce soit en Savoie, dans le Var ou en Lozère, les lieux choisis pour les barrages présentent des qualités géologiques exceptionnelles. Des vallées habitées mais qu'importe.

En 1952, on ne s'opposait pas à l'Etat. A Tignes, quelques jeunes tenteront de faire sauter le barrage mais sans succès. Les travaux se feront sous protection policière et l'Etat restera inflexible. Après les explications (il faut produire de l'électricité), les expropriations et les négociations, les vannes seront ouvertes : "Les gens ne voulaient pas partir. Ils y ont été contraints. Quand on a eu de l'eau jusqu'aux pieds et que l'eau montait encore, il n'y avait plus rien à faire. Même les morts n'ont pas eu le droit au respect. Au cimetière ils ont tout enlevé…" se souvient Maryse Favre. Ça a été épouvantable, parce qu'on savait qu'on ne reviendrait jamais", ajoute Yvette Martin. 

L'histoire va se reproduire 20 ans plus tard dans le Var, à Salles-sur-Verdon. Ici, un barrage est nécessaire pour irriguer les cultures. Comme à Tignes, l'Etat, via un gestionnaire achète terrains et maisons. L'Etat, qui semble avoir retenu quelques leçons de l'épisode Tignes, construit un nouveau village avant d'attaquer les travaux du barrage.

"A l'époque, on a tout fait pour dévaloriser le mode de vie paysan"

A Salles-sur-Verdon, pas de résistance mais plutôt une forme de résignation : " On a tout fait pour nous faire croire que le noyer brut ça ne valait rien, que ce qui avait de la valeur, c'était le formica. Et on y a cru en plus" raconte Jean-Jacques Grézioux de l'association Mémoires de Salles-sur-Verdon.

Comme à Tignes, les anciens sont contraints de quitter leurs maisons pour des immeubles dans lesquels ils n'arrivent pas à vivre et comme à Tignes, les jeunes, désormais sans terres à cultiver, s'exilent.

Sous le charme bucolique du lac artificiel de Naussac en Lozère, se cachent un village et des terres que les habitants auront pendant près de 10 ans tenter de défendre. 

Depuis 1983, Naussac est l'un des refroidisseurs des centrales nucléaires du Val de Loire, un barrage réservoir. Dès l'annonce de  sa construction 1974, les Lozériens se mobilisent :  manifestations, meetings, interventions plus ou moins musclées auprès des élus, etc. Ils sont rapidement rejoints par les défenseurs du Larzac et les anti-nucléaires de Creys-Malville. L'affaire fait grand bruit. Elle devient politique. Elle met en lumière la politique d'aménagement des territoires ruraux. Les luttes des habitants  sont aussi les prémices de l'écologie politique.

Des lendemains plus ou moins enchanteurs

Aujourd'hui, Tignes s'est reconstruit sur le tourisme hivernal et estival. Salle-sur-Verdon bénéficie de sa situation géographique et de la beauté des Gorges. Quant à Naussac, les promesses d'un avenir meilleur, d'un avenir avec le barrage, ne semblent pas tenues. Les villages alentours sont morts avec l'ennoiement de Naussac et les retombées touristiques ne sont pas énormes.

"Mon village sous le lac" de Nicolas Bideau donne la parole à ceux et celles qui ont vécu de près la disparition de leurs villages, l'engloutissement des vies de plusieurs générations. Ils sont les témoins d'une histoire de France qu'ils tiennent à transmettre avant qu'on ne l'oublie tout à fait.

"Mon village sous le lac", écrit  Nicolas Bideau, Anthony Binst et Yoann Périé Coproduction Big Company/francetv Réalisé par Nicolas Bideau à voir dans la case documentaire La France en Vrai en replay sur france.tv

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