224 participants français et italiens vont s'élancer, ce dimanche 26 mars, des hauteurs de Valfréjus, en Savoie, sur leurs skis de randonnée pour la 16e "Traversée des Rois Mages". Direction le mont Thabor et le Piémont italien, l'œil non pas fixé sur le chrono, mais pour le plaisir d'une course de ski alpinisme partagée entre voisins des Alpes.

"Le petit monde des athlètes de haut-niveau qui montent en peaux à 1 200 ou 1 500 mètres à l'heure, c'est 500 à 600 personnes. Par contre, les gens comme nous qui font du 500 à 600 mètres à l'heure, cela représente des milliers de personnes !" C'est ainsi que Xavier Lett, l'un des créateurs et responsable actuel de la "Traversée des Rois Mages" justifie le nombre record de participants inscrits à cette 16e édition : 224 au total, qui partiront de Valfréjus ce dimanche 26 mars.

Une traversée née avec l'esprit de compétition

"Il y a 16 ans, cette rencontre est née comme une course de ski alpinisme : avec des parcours de portage, crampons, montées dans des couloirs... Mais au bout d'un moment, comme on ne dépassait pas les 80 ou 90 participants et puis qu'il y avait une sorte d'inflation du nombre de courses, on a revu nos plans. On s'est dit que, plutôt qu'une course de 'collants-pipettes' (skieurs alpinistes de compétition, ndlr), il valait mieux essayer de répondre à la demande croissante du plus grand public, qui veut pratiquer le ski de randonnée en toute sécurité."

Un choix apparemment judicieux, puisque cette 16e édition a fait le plein de participants. Plus d'une trentaine d'inscriptions ont dû être refusées. Un engouement d'ailleurs partagé des deux côtés des alpes. 

Une traversée sécurisée

"De notre côté, on n'a jamais eu autant de demandes", explique, de son refuge près de Bardonecchia dans le Piémont, Chiara Nervo. "De la Val di Susa, (la vallée qui mène à Turin depuis la sortie du tunnel du Fréjus), mais aussi de Turin, et jusque de Cuneo... Deux jours seulement après le début des inscriptions, on avait déjà fait carton plein." 

Au final, les Italiens seront 65 sur 224 participants à s'élancer de Valfréjus dimanche, dès 7 heures du matin. Une limite haute pour maintenir un niveau de sécurité correct à cette édition de la Traversée des Rois Mages, où l'on compte des randonneurs âgés de 11 à 74 ans. 

"Les plus jeunes viennent généralement avec leurs parents qui sont, la plupart du temps, déjà des pratiquants. Mais il peut toujours y avoir la personne qui panique et se trouve en difficulté. C'est pour cela qu'on part à 7 heures, ça nous laisse de la marge pour que tout le monde passe le col", explique encore Xavier Lett.

Pour que cette traversée de France en Italie ne se transforme pas en chemin de croix pour les moins aguerris, le parcours est encadré par 18 accompagnateurs, dont une dizaine munis de radios. Un staff de sécurité renforcé par certains participants. Cette année, deux médecins, trois pisteurs et deux guides de montagne figurent parmi les inscrits. De quoi rassurer tout le monde, même si les prévisions météo du dimanche ont obligé l'organisation à ne maintenir qu'un seul des trois parcours prévus : celui par le col de la vallée étroite.

La traversée de l'amitié entre voisins des alpes

Une vallée étroite, (ou valle Stretta, comme disent les Piémontais) qui sera, comme chaque année, le point d'arrivée de la traversée des Rois Mages. C'est à ce moment-là, une fois passé le chaînon montagneux, que s'ouvrira la deuxième mi-temps de cette rencontre entre Savoyards, Hauts-Alpins et Piémontais : tous rassemblés autour des tables des deux refuges de la petite vallée des abords de Bardonecchia.

"Cette journée de rencontre n'a pourtant rien à voir avec un comité de jumelage casse-croûte", explique encore Xavier Lett. "C'est une vraie action de coopération transfrontalière. Aussi bien pour l'organisation en amont, que lors de la traversée elle-même. Entre voisins sur la frontière, on fait des choses ensemble et pas seulement manger. Même si on tient à garder le côté convivial de cette journée."

De l'autre côté de la frontière, si l'on se félicite d'avoir réussi à enraciner cette "traversata dell'amicizia"(traversée de l'amitié), sur l'un des plus vieux points de passage entre la France et l'Italie, on a tout de même un reproche à adresser aux amis français. 

"Quand ils s'assoient autour des tables de mon refuge à l'arrivée, les Français font moins d'efforts pour parler italien, que nous, constate Chiara Nervo, la patronne du refuge "I Re Magi". Entre voisins, chacun devrait faire l'effort de savoir parler la langue de l'autre : et participer à la traversée, c'est une bonne occasion."

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