Le festival de cinéma européen s'est ouvert ce samedi 13 décembre dans la station des Arcs, avec la projection d'un film anglais, tout un symbole, alors que le rendez-vous affiche son ambition de devenir le jumeau du Sundance, festival américain réputé.
L'Europe est divisée, tiraillée entre ceux qui veulent la quitter et ceux qui veulent en modifier son fonctionnement. Mais l'Europe existe. Elle vit coeur battant depuis six ans dans la station des Arcs où deux enfants du pays, Pierre-Emmanuel Fleurantin et Guillaume Calop ont eu l'étrange idée de créer un festival de cinéma européen.
Etrange car à l'époque ils étaient nombreux à douter de l'avenir d'un festival dispersé dans une station à "plusieurs étages" (impossible de passer des Arcs 1600 aux Arcs 1800 puis 1950 sans véhicule....).
Etrange car le cinéma européen "indépendant" ne met pas toujours à l'affiche ni de grandes stars ni de grandes histoires sur-vitaminées.
Six ans après, le bilan est aussi clair que la neige rare : le public se déplace dans les projections publiques, des séances scolaires permettent aux habitants de Bourg d'Oisans d'être impliqués dans le festival. Les acteurs, réalisateurs français et européens se déplacent, les producteurs envoient les films participer au festival. Le festival des Arcs a touché sa cible.
Reconnaissance
Il n'y a qu'à voir la cérémonie d'ouverture de samedi soir pour s'en convaincre. Une trentaine de journalistes spécialisés dans le cinéma accrédités. Un aréopage de "professionnels de la profession". Des représentants éminents du cinéma européen. Les membres du jury d'abord, Agnès Godard, Gaspard Proust, Jack Reynor ("Transformers") ou Virginie Ledoyen. Seule fausse note, Cédric Kahn le président du jury ne rejoindra le festival que plus tard, "retenu" à Paris. Bizarre...Mais celui qui a illuminé la cérémonie d'ouverture de son intelligence et de son aura, c'est Bertrand Tavernier. Invité spécial du festival, il aurait fait un beau président de jury (suivez mon regard...). Le réalisateur du "Coup de torchon", "L'appât", a lancé un vibrant plaidoyer en faveur du cinéma européen, saluant au passage le travail qu'avait mené Michel Barnier, l'élu savoyard, à la commission européenne.
"X-Y", un film anglais en ouverture
Des acteurs, des réalisateurs, des films de qualité, des prises de parole, une "conscience politique": les points communs avec "Sundance" le festival du ciné indépendant aux Etats-Unis sont nombreux. Les organisateurs du festival le répètent à qui veut l'entendre. "Les Arcs" c'est le Sundance européen.Un "label" bien pratique car tellement connu qu'il permet d'identifier très rapidement le festival savoyard et de le placer directement dans la catégorie des festivals incontournables.
Reste maintenant à dénicher des pépites car un festival se fait connaître surtout par les films qu'il propose et révèle. Plus de 60 films sont projetés, dont 12 en avant-premières. On attend avec impatience "Disparue en hiver" de Christophe Lamotte, avec Kad Merad, tourné à Grenoble. On a beaucoup aimé "X-Y", premier film du britannique Morgan Matthews, présenté à l'ouverture. Un mélodrame très efficace qui retrace l'itinéraire d'un jeune génie des mathématiques enfermé dans son monde. Un jeune adolescent fragile confronté au monde qui l'entoure, méfiant, craintif, qui va s'éveiller aux sentiments, apprendre à aimer et à s'aimer. Un succès assuré. Un film anglais pour faire l'ouverture d'un festival européen, tout un symbole.
France Télévisions est partenaire du festival de cinéma européen des Arcs. Le groupe finance de nombreux films, son cahier des charges prévoyant le soutien à l'expression du cinéma européen.