Quatre médailles d'or pour la savoyarde Marie Bochet aux JO de Pyeongchang. Une performance d'autant plus magique que la skieuse avait encore"plus de pression, plus de responsabilité" qu'aux JO de Sotchi, nous a confié son père, Yvon, agriculteur dans le Beaufortain.
Marie Bochet a décroché 4 médailles d'or aux JO de Pyeongchang. En descente, super G, slalom géant, et slalom. Autant de médailles qu'à Sotchi, mais cette fois, le slalom ne lui a pas échappé. En Russie, Marie avait d'ailleurs déclaré : "c'est ma discipline favorite. Cette médaille, j'ai l'impression qu'elle me boude. Il faudra que j'aille la chercher !"Ce que Marie dit, Marie le fait... son père Yvon, agriculteur dans le Beaufortain, nous l'a confirmé cet après-midi : "Marie, c'est une ligne droite. Si elle décide quelque chose, elle met tout en place pour y parvenir."
Yvon Bochet descendait tout juste de l'avion quand nous l'avons joint au téléphone. Encore dans l'ambiance olympique. Comme à Vancouver, comme à Sotchi, il a accompagné Marie.
Mais cette fois-ci, "tout le monde l'attendait. Elle avait encore plus de pression, plus de responsabilité." Ses victoires sont d'autant plus méritoires. Yvon décrit une championne "très exigeante avec elle-même, perfectionniste jusqu'aux moindres détails".
Une fille de la montagne, née avec des skis aux pieds
Marie Bochet est née en 1994 à Chambéry. Sans avant-bras gauche, les spécialistes appellent ça une "agénésie". Ses parents, Yvon et Françoise, élèvent des génisses et produisent du -délicieux- fromage de Beaufort près du Cormet de Roselend en Savoie.
Marie, comme tous les enfants du coin, chausse donc les skis très tôt. Elle fréquente le club des sports des Saisies, puis le ski-club d'Arèches-Beaufort. Elle dispute ses premières courses avec les "valides". Puis Marie rejoint en 2006, à l'âge de 12 ans, le club handisport d'Albertville.
"L'esprit de compétition lui est venu petit à petit, avec les résultats". "Moi, j'étais plutôt ski de fond, et pas au même niveau !" explique Yvon avec le sourire.
Dès 16 ans, Marie s'aligne aux Jeux Paralympiques de Vancouver, en 2010. Elle termine 4ème. Mais remporte ensuite la Coupe du Monde de slalom, puis décroche son premier grand chelem à 19 ans. Marie remporte alors les épreuves de descente, slalom, super G, Géant et Supercombiné. C'était en 2013. Déjà une sacrée championne. Avec une tête bien faite, aussi.
Des cuisses ET des neurones
"Je fais autant travailler mes neurones que mes cuisses !" précise la championne. Dès la sixième, elle entre en section ski du collège du Beaufortain, et profite d’un emploi du temps aménagé pour les entraînements physiques, le ski et les compétitions. Elle intégre, en juillet 2009, la section ski du lycée Jean Moulin à Albertville, un pôle conçu sur-mesure pour les skieurs de haut niveau.
Elle prépare son bac en 4 ans, avec des séances de préparation physique tous les après-midi, et un calendrier scolaire décalé pour libérer l’hiver, de décembre à avril afin de pouvoir se consacrer totalement au ski pendant la saison.
Après l’obtention de son bac ES avec mention très bien en juin 2013, elle est admise à Sciences Po Paris pour préparer le certificat préparatoire adapté pour les sportifs de haut niveau.
Les JO de Pékin en 2022 ?
Pour l'instant, Marie réserve sa réponse. Yvon, lui, est très clair : "c'est une question qui va vite nous énerver ! On a à peine atterri de Corée, tout le monde nous parle déjà de Pékin !" Laissons-les savourer ces victoires, tout en espérant, bien sûr, que Marie rechaussera les skis. Dans 4 ans pour les JO.