Mort de Victor-Emmanuel de Savoie : pourquoi il n'est pas inhumé en Savoie comme nombre de ses ancêtres

Contrairement à son père il y a 41 ans, Victor-Emmanuel de Savoie, décédé le 3 février dernier, ne sera pas inhumé à l'abbaye de Hautecombe, près d'Aix-les-Bains. Les funérailles du fils du dernier roi d'Italie se dérouleront dans la cathédrale de Turin ce samedi 10 février. On vous explique pourquoi la Savoie ne devrait plus jamais abriter les sépultures des descendants de la maison de Savoie.

En 1983, quelque 40 000 personnes accueillirent la dépouille de Umberto II, dernier roi d'Italie, dans son ultime demeure : l'abbaye de Hautecombe située sur les bords du lac du Bourget. Comme il était d'usage de le faire au temps de la monarchie absolue d'Italie. 

Mais, ce samedi 10 février, Victor-Emmanuel de Savoie, fils du dernier roi d'Italie décédé le 3 février en Suisse, reposera, à la différence de son père et de sa mère Marie-José de Belgique, bel et bien en terre italienne. On vous explique pourquoi.

La fin d'un exil de 57 ans

"La raison est très simple, explique l'historien savoyard, François Forray. En 2003, le Sénat a levé l'exil qui pesait sur la famille royale depuis la chute de la monarchie italienne en 1946. Par extension, aucun membre de la maison de Savoie n'était donc autorisé à se faire inhumer en terre italienne."

Jusqu'en 2003, c'est donc en terre savoyarde que tous les membres de l'ancienne famille régnante d'Italie se sont fait enterrer. Comme un retour aux racines de la maison de Savoie fondée en 1125 par Amédée II. Plusieurs dizaines de princes savoyards reposent dans la crypte de l'abbaye de Hautecombe. De Humbert III à Philippe Ier, pour les plus anciens, en passant par Charles Félix, jusqu'au dernier roi d'Italie, Umberto II et son épouse Marie-José de Belgique.

Victor-Emmanuel est revenu plusieurs fois en Savoie à l'occasion d'enterrements, donc, mais également pour des cérémonies anniversaires de la fondation de la dynastie. 

"Ces dernières années, je l'ai moi-même rencontré à l'occasion d'un congrès d'historiens à Saint-Jean-de-Maurienne, explique encore François Forray. Un autre lieu de mémoire pour sa famille, puisqu'elle abrite le tombeau d'Humbert Ier aux Blanches Mains, le fondateur de la dynastie. En coulisses, nous avions parlé de son état de santé, qui n'était déjà pas brillant".  

Un personnage insignifiant. Il ne mérite aucune reconnaissance des citoyens italiens.

M. Bresso, ancienne présidente de la région Piémont et V. Castellani, ancien maire de Turin

De cette rencontre, le membre de l'académie de Savoie ne retiendra guère davantage. En Savoie, comme dans le Piémont, où il reposera, la nouvelle de la disparition de Victor-Emmanuel, loin de susciter un élan de compassion, semble avoir, au contraire, servi de prétexte à rappeler le désamour entre la famille royale et ses ex-sujets depuis de nombreuses années.  

Un retour à Turin controversé

Un discrédit qui remonte à la chute du fascisme : "Victor Emmanuel III, son grand-père a été d'une nullité fatale, lorsqu'en septembre 1943, redoutant les conséquences de l'armistice avec les alliés, il a quitté Rome précipitamment, sans se préoccuper du sort de la population et de son armée", raconte François Forray. "Et ce n'est pas la vie tumultueuse d'affairiste de Victor-Emmanuel qui aura redoré le blason de la famille".

La volonté du défunt d'être enterré au Panthéon à Rome aux côtés du plus illustre de ses aïeux, Vittorio Emmanuele II, le premier roi de l'Italie unifié, n'aura donc pas fait long feu.

Rattrapé par des salves d'indignations, c'est dans la cathédrale de Turin que sera célébrée une messe samedi après-midi. Un choix, "scélérat" pour certains éditorialistes, "naturel" pour d'autres qui rappellent que le lieu, abritant le Saint Suaire, est intimement lié à l'histoire de la maison de Savoie.

Pour assister à ces funérailles, quelques têtes couronnées européennes sont attendues dont Albert de Monaco, Albert et Fabiola, les ex-souverains de Belgique. Mais d'autres tardent encore à se faire connaître : aucun membre de la couronne d'Espagne ne devrait être présent, d'après la presse transalpine.

"Des Savoyards seront là. Mais ils ne seront pas très nombreux, pronostique François Forray. Quelques dizaines de personnes, tout au plus. Ce seront les derniers représentants de milieux conservateurs qui voient encore, malgré tout, une certaine aura briller autour de la dynastie savoyarde ".

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