Prix au rabais, concurrence déloyale... Comment s'organise la traque aux faux taxis en Savoie

En Savoie, la gendarmerie a créé une cellule dédiée à la lutte contre les faux taxis. Ces transporteurs, souvent installés en Europe de l'est, proposent des courses jusqu'à deux fois moins chères que les professionnels en règle.

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Avec leurs tarifs défiant toute concurrence, les taxis illégaux inquiètent les chauffeurs. Dans les Alpes, pendant la saison d'hiver, ils transportent les voyageurs depuis les aéroports jusqu'aux stations de ski. Et rien ne permet aux clients de les différencier des professionnels en règle.

"Ça nous fait du mal, estime Jean-Philippe Couenne, conducteur VTC en Savoie. On est déjà obligés de baisser nos prix à cause d'eux, et ils sont encore 50 % moins chers. Vu la rentabilité de la course, je ne sais pas comment ils gagnent leur vie."

Ces chauffeurs de taxi non déclarés viennent pour la plupart d'Europe de l'est. Certains transporteurs ne sont pas déclarés en France, et les employés rémunérés en dessous du minimum légal. "Les conducteurs sont exploités, certains n'ont même aucune qualification pour faire du transport de personnes, ce qui conduit à des infractions et des risques en cas d'accident. Le client n'est pas protégé", explique Régis Godart, président de la chambre syndicale des artisans taxis de Haute-Savoie.

30 000 euros par saison

En Savoie, la gendarmerie a créé une cellule de lutte contre le travail illégal et la fraude face à la "montée en puissance" du phénomène. Elle regroupe six gendarmes et officiers de police judiciaire basés à Albertville qui travaillent exclusivement sur le contrôle des taxis en saison hivernale. Ils organisaient une opération dimanche 16 janvier à Ugine sur un axe très emprunté entre l'aéroport de Genève et les stations.

"Dans les pays de l'est, le Smic est entre trois et quatre fois moins élevé qu'en France. Sur la base de cette rémunération, cela permet de dégager plus de marge au niveau du transport", résume l'adjudant Yan Sueur, gendarme rattaché à cette cellule. En Lettonie, le salaire minimum s'élève à 400 euros. Et certains chauffeurs ne sont payés que par leurs pourboires, même si la loi impose à l'employeur de rémunérer ses salariés selon la réglementation en vigueur dans le pays où ils exercent.

Un véhicule peut rapporter jusqu'à 30 000 euros par saison. Certains trafiquants en possèdent jusqu'à une trentaine, soit environ 1 million d'euros en un seul hiver. Dimanche, les enquêteurs n'ont saisi qu'un véhicule. Mais ces deux dernières années en Savoie, l'Urssaf a opéré un redressement de 900 000 euros et le Fisc tout autant.

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