Le consortium français Aluminium des Alpes, candidat malheureux à la reprise des sites industriels de Saint-Jean-de Maurienne et de Castelsarrasin (Tarn-et-Garonne), a contesté mercredi leur vente apparemment promise au groupe allemand Trimet, brandissant la carte du "made in France".
"Le gouvernement élimine un repreneur français et favorise un repreneur étranger", dénonce Aluminium des Alpes dans un communiqué, fustigeant un "choix brutal" en faveur de Trimet dont l'offre est, selon lui, "risquée et onéreuse pour l'argent du contribuable".
"On passe d'une multinationale anglo-australienne à une multinationale allemande, dont les centres de décisions et les profits restent basés à l'étranger", fustige encore Aluminium des Alpes, qui s'interroge sur les "sources de financement" du groupe familial allemand.
Trimet, fondée en 1987, emploie 1.900 personnes mais tous ses sites de production se trouvent en Allemagne.
Aluminium des Alpes explique que son offre est "suffisamment crédible pour obtenir le soutien d'investisseurs privés avertis et des pouvoirs publics représentés par le FSI" (Fonds stratégique d'unvestissement).
Et de brandir la carte du "Made in France" chère au ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, favorable à Trimet, qui s'est rendu en Allemagne mardi 21 mai.
Aluminium des Alpes s'engage à relocaliser en France tous les centres de décisions, à sauvegarder les intérêts français, à maintenir et à améliorer un pôle d'excellence dans l'industrie française.
Il entend aussi garantir le maintien de tous les emplois des sites, à investir massivement, environ 90 millions d'euros à court terme, dans la remise à niveau
des installations et dans des nouvelles machines.
Sur le site de Saint Jean de Maurienne, Aluminium des Alpes explique qu'il va lancer le redémarrage de toutes les capacités dont la ligne de production F, fermée il y a trois ans par Rio Tinto, avec comme objectif le doublement de la production en dix ans.
A Castelsarrasin, le consortium veut investir à brève échéance dans de nouveaux moyens de production. Enfin, Aluminium des Alpes se vante d'un financement "100% français", avec un fonds d'investissement basé à Paris et "ayant de solides références dans l'industrie aluminium française".
Les négociations pour la reprise des deux sites de Rio Tinto par le leader allemand de l'aluminium Trimet sont entrées dans la dernière ligne droite et pourraient aboutir dans trois à quatre semaines.
Trimet s'est engagé à maintenir les emplois des deux sites auprès du gouvernement, selon la même source. Au total, 510 emplois sont concernés sur les deux sites, dont 38 à Castelsarrasin.
Le groupe familial allemand a estimé l'investissement nécessaire à "200 ou 250 millions d'euros sur dix ans".