Ils n'étaient pas là pour faire une perf'. Au mieux, ils visaient le Top 20. Pourtant, les deux équipages Français engagés à Sotchi se sont faits remarquer. D'abord car leur discipline est spectaculaire. Ensuite car derrière ces garçons-là se cachent de belles histoires. Et un vrai amour du sport.
C'est peut-être l'effet "rasta-rocket". Toujours est-il que le bobsleigh suscite la sympathie. Voire l'enthousiasme, en famille, devant l'écran de télévision. La vitesse, le danger et le côté "gros bras" : le bob réunit tous les ingrédients d'une bonne discipline spectaculaire. Et pourtant, au-delà des JO, le bobsleigh est un sport extrêmement marginal. Anonyme même. Drôle de paradoxe pour cette pratique capable d'aimanter devant la télé des millions de personnes pendant les Jeux puis de retomber dans l'oubli pendant quatre ans.
En France, ils ne sont qu'une poignée à descendre la seule et unique piste d'entraînement du pays. Celle de la Plagne, en Savoie. Celle des Jeux de 92. Parmi eux, deux véritables passionnés. Des pilotes venus au bob sur le tard mais qui ne font pas pour autant les choses à moitié.
Loïc Costerg / Thibaud Godefroy : pilotes et meneurs du bob tricolore
D'un côté, Loïc Costerg. Le Plagnard, garde forestier de son état, a réussi à qualifier deux engins (un bob à deux, un autre à quatre) pour Sotchi avec une certaine facilité. Au moins sur le plan sportif.De l'autre, Thibaud Godefroy. L'Albertvillois a un peu plus galéré pour décrocher son billet olympique. Avec trois de ses compères, et après un parcours tendu en Coupe d'Europe, il a finalement réussi à se qualifier au dernier moment. A la faveur d'une ultime course qui les a vus briller face aux Italiens notamment.
En vidéo, le reportage sur la "Team Godefroy" par nos envoyés spéciaux à Sotchi :
N'allez pas croire pour autant que les "Bleus" sont mauvais aux commandes de leurs engins. Car ce n'est pas forcément le cas. Simplement, comme tous les sportifs de "niche", ils ne sont pas vraiment aidés.
Financièrement d'abord. Pour se qualifier, les deux équipages ont du concourir toute la saison à travers l'Europe et jusqu'aux Etats-Unis. Comptez au minimum 100 000 euros de budget. Une facture salée dans une discipline où les sponsors sont rares. Et les aides institutionnelles presque inexistantes. En cette année olympique, seul le CNOSF a fait un geste en offrant aux deux équipages français un chèque de 50 000 euros. Le reste? Il vient de fonds propres. Des économies personnelles. Des parents, des amis.
Objectif : reconstruire une vraie équipe de France
De vrais sacrifices, juste au dernier moment. Car même à l'heure de préparer les valises, les bobbeurs tricolores ont du mettre la main à la poche pour payer leurs combinaisons, les vêtements et même la peinture de leurs engins!
Il faut dire que le bobsleigh n'a jamais été une priorité pour la Fédération française des sports de glace. Mal considérée donc peu soutenue financièrement, la discipline est peu à peu tombée en désuétude. Quelques efforts, indépendants des instances parisiennes, tentent cependant de la relancer afin de reconstruire une véritable "équipe de France" capable d'aller chercher enfin des performances comme l'avait fait Bruno Mingeon, médaillé de bronze en 1998 à Nagano.
Pour cela, le bo tricolore doit faire parler de lui. Trouver ses sponsors, des financements. Se doter enfin d'un entraîneur et d'une structure. Alors malgré leurs résultats décevants à Sotchi (17e place pour Loïc Costerg et au delà de la 20e pour Thibaud Godefroy), les bobbeurs tricolores ont peut-être déjà commencé le chemin. Les nombreux articles dans la presse nationale, les reportages TV et une polémique naissante sur la gestion trop orientée vers le patinage de la Fédération française des sports de glace pourraient peut-être enfin leur permettre de construire une belle aventure. Avec, au bout de la piste, les JO de 2018 en Corée.