Triple meurtre de Bozel : ouverture du procès devant la cour d'assises de la Savoie

Le procès de Jordan Lenisa s'est ouvert ce lundi 5 octobre devant la cour d'assises de Savoie. Le jeune homme est accusé d'avoir tué son père et ses deux frères le 26 juillet 2012 dans le chalet familial, à Bozel, près de Chamonix.

Désormais âgé de 27 ans, Jordan Lenisa, fait assez rare, a accepté d'être filmé et photographié lors de son entrée dans le box des accusés ce matin. Dans la salle d'audience se trouvaient aussi sa mère et sa soeur, parties civiles. Les deux femmes ont eu du mal à contenir leur émotion. 

La tension était palpable. Jordan Lenisa revoyait en effet sa mère pour la première fois depuis les faits, qui remontent à juillet 2012. Il y a 3 ans, il avait tenté de la tuer après avoir assassiné son père et ses deux frères.

A la barre, l'accusé s'est exprimé très brièvement, il a reconnu ses multiples mensonges et dit qu'il n'était pas à la hauteur des attentes de son père.

Une relation conflictuelle avec sa famille, l'addiction aux jeux vidéo, plusieurs tentatives de suicide… autant d'éléments qui seront évoqués tout au long de ce procès.

Déjà en 2007, le jeune homme, encore adolescent, était passé devant un expert psychiatre pour agression sexuelle sur une collégienne. A l'époque le docteur ne détecte aucun signe précurseur : le jeune homme avait des projets, une vie familiale apparemment équilibrée.

Mais par la suite il fait des tentatives de suicide : il est hospitalisé à la demande de ses parents. Quelques mois avant le drame, Jordan Lenisa fait une dépression. Seul dans un appartement, il passait 48 à 72 heures d'affilée sur des jeux vidéo. Aujourd'hui, il est diagnostiqué bipolaire et schizophrène.



En conflit avec son père


Le 26 juillet 2012 à Bozel, alors âgé de 23 ans, il avait tué d'une balle dans la tête son père Florent, 49 ans, ainsi que ses frères Benjamin, 17 ans, et Victor, qui allait fêter ses 8 ans le lendemain. Après ces trois premiers meurtres, le jeune homme s'en était aussi pris à sa mère, qu'il avait tenté d'étrangler, d'étouffer avec des coussins et d'assommer à coups de bûche à la tête. Elle était parvenue à s'extirper de l'emprise de son fils, à le calmer et à appeler les secours.

Aujourd'hui, Jordan Lenisa est revenu sur son conflit avec son père, qui le "rongeait de l'intérieur". "Il me criait souvent dessus parce que je ne trouvais pas de travail, j'étais paresseux. Je n'étais pas à la hauteur de ses attentes", a-t-il dit d'une voix monocorde.

Titulaire d'un BEP vente après avoir redoublé à deux reprises, Jordan avait une vie professionnelle erratique et inventait des prétextes pour ne pas se rendre à son travail. Il passait l'essentiel de son temps à jouer à des jeux vidéo. "C'est une drogue, j'étais dans le virtuel total", a-t-il dit.

Cette situation irritait beaucoup son père, travailleur acharné, qui avait fait fortune en brevetant un procédé d'isolation des murs et façades. "Je l'admirais beaucoup", a déclaré Jordan, qui l'appelait son "idole". Mais "on était déchiré par la concurrence", a ajouté le fils en affirmant que son père le "rabaissait plus bas que terre" devant ses petites amies.

Le médecin-psychiatre François Renault a décrit une "rivalité insupportable avec le père" mais aussi avec ses frères qu'il jalousait. Dépendant de ses parents, Jordan Lenisa s'était construit une "façade narcissique" qu'il sentait menacée par un projet de départ de sa famille à l'étranger. "Il s'est senti en danger de mort psychique", a affirmé le Dr Renault.



Une personnalité complexe


Le diagnostic de ses graves troubles de la personnalité s'est avéré compliqué. "On est sur une crête, une frontière au niveau clinique, pas sur quelque chose de franc", a souligné le médecin. Le Dr Blachère, lui aussi psychiatre, qui l'avait expertisé en 2007 dans une affaire d'agression sexuelle, n'avait d'ailleurs pas décelé de dangerosité potentielle, malgré vingt ans de métier et "plusieurs milliers" d'expertises réalisées.

Le procès se poursuit jusqu'à vendredi. Jordan Lenisa est jugé pour assassinat et tentative d'assassinat, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.


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