Des associations environnementales, élus écologistes et lanceurs d'alerte ont déposé un recours devant le Conseil d'Etat le 27 avril contre l'utilisation de la galerie de sécurité du tunnel du Fréjus comme voie de circulation. Ils dénoncent une violation des engagements des gestionnaires.
Un défilé incessant de camions. Quelque 2 500 poids lourds traversent le tunnel du Fréjus, en moyenne, chaque jour. Ils sont plus de 700 000 à l’année. Et le trafic risque encore d'augmenter avec les travaux prévus dans le tunnel du Mont-Blanc, nécessitant plusieurs semaines de fermeture étalées jusqu'en 2023.
"Avec cette fermeture, le trafic va augmenter en Maurienne et la pollution de l'air également, craint Philippe Delhomme, membre de l'association Vivre et agir en Maurienne. Nous défendons la qualité de l'air, la qualité de l'environnement en Maurienne parce que la montagne, c'est aussi un pays touristique."
L'association savoyarde a déposé un recours conjoint devant le Conseil d'Etat mercredi 27 avril avec d'autres associations environnementales, élus écologistes et lanceurs d'alerte. Ils s'opposent à l'utilisation de la galerie de sécurité du tunnel comme voie de circulation.
Revirement des gouvernements
Le litige, qui remonte à une quinzaine d'années, a été ravivé par la crainte d'un afflux de camions ces prochains mois. Un scénario déjà vécu en 1999 après l'incendie meurtrier du tunnel du Mont-Blanc. Le drame a renforcé les règles de sécurité, encore durcies au Fréjus après un incendie survenu en 2005. La construction d'un second tube parallèle au tunnel a été engagée afin, notamment, d'augmenter le nombre d’abris de secours.
Mais les gouvernements français et italiens ont changé leurs plans lors d'un sommet en 2012. La galerie de sécurité sera finalement ouverte à la circulation pour, selon les gestionnaires, améliorer les conditions de sécurité. Chaque tube va être ouvert dans un sens, sur une voie de circulation et une seconde de sécurité. Une décision prise en violation avec la déclaration d’utilité publique, déplorent les opposants.
"Il y a un mensonge d'Etat puisque ce qui était prévu pour la sécurité devient une galerie pour la circulation", estime Annie Collombet de l'association Vivre et agir en Maurienne. En 2021, une lettre de protestation adressée à la ministre de la Transition écologique est restée sans réponse.
Ouverture prévue en 2023
Les opposants portent aujourd'hui ce dossier devant la justice avec un nouvel argument : la galerie de sécurité a été financée essentiellement avec les péages, donc par les usagers. Une augmentation progressive des tarifs, étalée sur plusieurs années, a débuté en 2010.
"On m'explique que je me suis trompé, que j'ai payé pour une galerie de circulation. Ça, c'est violer la parole publique, violer les engagements, y compris du préfet qui avait écrit qu'elle ne serait jamais ouverte à la circulation", dénonce Daniel Ibanez, lanceur d’alerte.
La galerie en cause devrait être ouverte à la circulation courant 2023, le temps d'achever les travaux. D'ici là, le transfert du trafic du Mont-Blanc vers le Fréjus est plausible. Le tunnel franco-italien peut théoriquement absorber quatre fois plus de camions qu'aujourd’hui.