La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a lancé un "avis de recherche" sur le lagopède alpin, ce mardi 22 octobre. L'objectif : mieux protéger ce galliforme de montagne, espèce menacée par le réchauffement climatique, grâce à plusieurs actions.
Avez-vous vu le lagopède alpin ? Il mesure entre 31 et 35 cm, pèse près de 600 grammes et vit dans des pentes broussailleuses ou des crêtes rocheuses entre 1 800 et 3 000 mètres d'altitude. Depuis ce mardi 22 octobre, le galliforme de montagne fait l'objet d'un "avis de recherche" un peu particulier.
Lancé par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), soutenue par la Fondation Alpes Sauvages, le projet d'envergure sera mené jusqu'en 2025 et sollicite l'aide de la population : face au recul de cette espèce, randonneurs, skieurs et autres pratiquants de la montagne sont invités à renseigner, en ligne, leurs observations du volatile en montagne.
"Le but est de mieux connaître pour mieux protéger. Ce suivi permettrait de savoir quels facteurs influent sur la présence du lagopède : comment l'activité humaine ou la modification de son environnement jouent sur l'évolution de la population", explique Benjamin Drillat, chargé de mission auprès de la LPO.
Populations en diminution
Le lagopède alpin, qui change de plumage selon la saison, apparaît sur la liste rouge de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) des espèces menacées. Pour cause, il subit de plein fouet les effets du réchauffement climatique : "En hiver, le galliforme adopte un plumage blanc qui lui permet de se camoufler dans la neige, à l'abri des prédateurs. Mais avec des fontes de neige de plus en plus précoces, son plumage ne suit pas. Et l'oiseau se retrouve ainsi avec un plumage blanc au milieu d'une nature printanière."
Benjamin Drillat poursuit : "Le lagopède alpin vit entre 1 800 et 3 000 mètres d'altitude à des températures pouvant atteindre -35 degrés. Mais avec le réchauffement climatique, il doit monter de plus en plus haut en altitude pour retrouver ces conditions de vie. Sauf que la montagne n'est pas extensible et il se retrouve à ne plus pouvoir gagner en altitude."
En plus de voir son environnement changer, le lagopède alpin reste une espèce en proie à la chasse. Et ce, malgré la diminution de sa population. "En régression constante depuis les années 50, ce galliforme a disparu de 92 communes des Alpes dont 27 cette dernière décennie et pourrait prochainement disparaître totalement de nos montagnes", explique un document de la LPO.
Selon une étude publiée en 2022, le lagopède alpin verra son aire de répartition diminuer de 59 % à l'horizon 2041-2070. Et d'après d'autres projections du Centre de recherches sur les écosystèmes d'altitude (CREA) du Mont-Blanc, l'aire de répartition de l'espèce pourrait diminuer de 90 % dans les Alpes françaises en 2090.
Suivi bioacoustique et juridique
Pour mieux suivre cette espèce et réaliser un comptage précis du lagopède alpin, la LPO a commencé à réaliser un suivi bioacoustique avec la pose et l'écoute de balises d'enregistrement des chants du lagopède dans différents milieux favorables à l'espèce : "Nous posons 50 enregistreurs sur des mailles qui changent chaque année, sur une période couvrant mars à juin. Nous mobilisons également des bénévoles sur les suivis du lagopède pour comparer les méthodes de comptage conventionnelles avec les méthodes acoustiques", indique Benjamin Drillat.
Ce comptage permettra, entre autres, de mieux protéger le lagopède alpin. En France, le galliforme ne dispose d'aucun statut de protection : "Ce nouveau projet tend à renforcer le volet juridique, avec l'aide d'un avocat pour gérer les différents recours en justice déposés par l'association", conclut le chargé de mission.