Un télésiège construit avec 90 % de pièces recyclées : comment une station de ski veut faire du neuf avec du vieux

Dès l'ouverture de la prochaine saison d'hiver, la station de Val Cenis (Savoie), dans la vallée de la Maurienne, mettra en service un tout nouveau télésiège en matériaux recyclés de deux anciennes remontées mécaniques. Une opération à la fois technique, écologique, mais aussi financière.

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"Recycler, c'est vraiment dans l'ADN de notre station", se vante Sébastien Tachet, directeur de la station de Val Cenis (Savoie), au sujet du futur télésiège des "Roches Blances", construit en grande partie avec des matériaux déjà existants.

Une manière de faire du greenwashing ? Pas selon le directeur de la station mauriennaise : "On ne peut pas nous soupçonner de ce type de pratique, alors que l'on fait partie des 10 premières stations françaises labellisées "Flocon Vert", que l'on s'est doté de la première dameuse électrique de série et que l'on a instauré, sur notre domaine, des zones de quiétude pour animaux."

Tout nouveau avec seulement 10 % de pièces neuves

Non, ici le recyclage du matériel de remontées mécaniques, c'est du sérieux. Du concret surtout : 90 % du futur télésiège des "Roches Blanches" provient directement de deux consœurs mises à la retraite.

La première remontée mécanique provenait de la station de Val Thorens (Savoie), qui a vendu en pièces détachées son télésiège des "2 lacs" qu'elle avait décidé de remplacer. L'autre partie est issue de la station de Montgenèvre (Hautes-Alpes), qui avait une série de pylônes à céder, de dimensions et de hauteurs idoines pour soutenir les câbles de la future remontée des "Roches Blanches".

Au final, seuls 10 % d’éléments de la nouvelle remontée, tels que les câbles, la boulonnerie ou les couvertures des gares, seront neufs. Les éléments de seconde main, comme les sièges ou les pylônes, ne sont âgés, pour la plupart, que d'une dizaine d'années. Et ce, alors que leur durée de vie maximale peut aller jusqu'à 40 ans.

"Ce n'est pas la première fois que l'on rachète du matériel d'occasion à d'autres stations", explique de son côté Yves Dimier, le directeur des remontées mécaniques de la station. "On l'avait déjà fait pour rénover des sièges de nos remontées. Là, on a eu la chance de trouver un équipement en bon état, peu utilisé par une grande station qui peut se permettre de renouveler son parc à des fréquences élevées."

Une occasion en or, donc, qui a également permis à la station mauriennaise de faire une économie substantielle par rapport à l'achat d'un appareil entièrement neuf : "Tout neuf, un télésiège comme celui-ci, de 1 500 mètres de long pour un dénivelé de 450 mètres, nous aurait coûté environ 12 millions d'euros, poursuit le responsable du domaine. D'occasion, on économise environ 35 % du budget. Sans impacter pour autant la sécurité et la fiabilité de l'appareil."

Dix fois moins de gaz à effets de serre

Un bon point pour le porte-monnaie de la station. Mais aussi pour son bilan carbone. Moins d'acier neuf produit, c'est autant d'émissions de gaz à effet de serre en moins rejeté dans l'atmosphère. Une différence d'importance quand on sait que sur les 400 tonnes que pèse le futur télésiège, 35 seulement ont été produites spécifiquement pour l'occasion. 

Une démarche plus vertueuse qui vaut aussi pour l’ancien télésiège. Malgré ses 35 ans de bons et loyaux services, l'heure de la retraite n'a pas encore sonné pour lui. Démonté de manière à préserver le plus de pièces possibles, ce qui peut encore servir sera vendu pour réemploi. Le reste devant être quasi totalement recyclé.

Quant à l'impact de la "nouvelle" remontée mécanique sur la faune et la flore, il ne peut que s'en trouver allégé : le nouveau télésiège suivra le même tracé que son prédécesseur et sera doté de 12 pylônes au lieu de 21.

Un modèle difficilement généralisable

Pour alléchant qu'il soit, le recyclage des remontées mécaniques est-il pour autant un modèle généralisable ? "On est toujours à l'affût des bonnes occasions comme celle-là pour renouveler notre parc de remontées, avoue Yves Dimier. Mais elles restent rares, les stations conservent généralement leurs équipements jusqu'au bout de leurs vies. Et puis, recycler les éléments d'un télésiège prévu pour un territoire donné sur un autre domaine reste assez complexe."

En matière de construction mécanique aussi, faire du neuf avec du vieux semble être plus compliqué que de partir d'une feuille vierge. Ce qui n'empêchera pas le futur télésiège débrayable des "Roches Blanches" d'afficher des performances de "jeune premier". Dès l'hiver prochain, les skieurs mettront 5 petites minutes pour se rendre à sa gare d'arrivée. Il en fallait presque 13 avec l'ancien télésiège fixe. La mise en service est prévue le 21 décembre prochain, pour l'ouverture de la saison d'hiver.

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