Les spéléologues sont parmi les derniers explorateurs de la planète. Ils fouillent le monde d'en-dessous, en grande partie encore vierge. Mais comment trouvent-ils leur chemin dans l'inconnu ? Nous avons suivi sous terre les passionnés de l'Association Spéléologique Aix-les-Bains Le Revard.
Pourquoi prendre le risque de se perdre dans les entrailles de la Terre, dans l'obscurité et le silence ? Quelle est donc cette soif d'aventure qui pousse les spéléologues à s'aventurer toujours plus profond ?
Et comment trouver son chemin dans l'inconnu, quand tous nos repères s'évanouissent, quand le temps s'arrête ?
L'exploration : une aventure
Pour essayer de répondre à ces questions, nous avons tenté l'aventure. En accompagnant sous terre les passionnés de l'Association Spéléologique Aix-les-Bains Le Revard, l'ASAR.
Ces spéléos explorent depuis des années le sous-sol du massif des Bauges en Savoie. Ils nous ont emmené à la découverte d'un "trou" étonnant.
Perdu au fin fond de la forêt enneigée. On aurait très bien pu passer juste à côté sans le savoir.
Yannick Decker, notre guide, directeur administratif de la Fédération Française de Spéléologie, et président du club local, l'ASAR, nous explique comment les spéléos ont découvert ce trou.
"C'est le courant d'air chaud qui révèle l'entrée du gouffre. Le courant d'air, venu des profondeurs, réchauffe la neige tout autour du trou et la fait fondre. Dans le trou, il fait environ 10 degrés. En surface, il fait beaucoup plus froid, bien en dessous de zéro !"
Claustrophobes s'abstenir !
L'aventure va pouvoir commencer. Maintenant, il s'agit de s'équiper, de s'encorder pour descendre en rappel. Le début sera le plus dur.
Il faut se contorsionner pour traverser un très étroit boyau. Jugez-en par vous-mêmes...
Quand il descend dans la cavité, le spéléologue suit le chemin de l'eau. Elle s'est infiltrée dans le calcaire depuis des centaines de milliers d'années. Elle a grignoté la roche, creusé des galeries innombrables.
Après une bonne heure de contorsions, Yannick nous rassure : "on va déboucher dans le puits, enfin du gros!" Du gros, en langage spéléo, ça veut dire que la cavité s'élargit. Nous allons pouvoir bouger un peu plus librement.
Le spectacle des profondeurs
C'est l'accès au spectacle des profondeurs. Une beauté presque inaccessible, rarement contemplée. Une autre planète.
C'est notamment pour ce spectacle que les spéléos explorent "le monde d'en-dessous".
Pour contempler stalagtites, stalagmites, fistuleuses, des concrétions plus improbables les unes que les autres, il leur a fallu dix ans. Dix ans pour parcourir les soixante premiers mètres de ce gouffre.
Pour dégager les roches qui barraient leur chemin. A la main, au marteau, au perforateur. En se passant les blocs l'un après l'autre pour les entreposer dans des culs-de-sac.
En exploration, les spéléos forment alors une véritable chaîne humaine. Symbole de l'esprit de camaraderie qui caractérise leur pratique.
Explorateurs et cartographes
Pour ne pas se perdre dans ce labyrinthe de pierre, les explorateurs dressent des cartes, où ils dessinent, mètre après mètre, le chemin parcouru. Ils baptisent leurs découvertes de noms évocateurs : "la galerie du coeur battant", "l'étroiture du vent mauvais", "la plage abandonnée"...
En fait, cette aventure de l'exploration, c'est une quête. Les spéléos cherchent l'eau, la rivière qui a creusé ce dédale minéral.
Une rivière permanente, qui collecte tous les petits ruissellements. Quand ils la trouvent, c'est la garantie de kilomètres de galeries à découvrir encore.
"D'aller là où aucun autre être humain n'a encore mis les pieds, pour nous, c'est le Graal !" s'exclame Yannick, des étoiles plein les yeux.
Découvrez tout notre périple dans le reportage complet
Dans le massif des Bauges, les spéléos ont déjà découvert environ 250 kilomètres de galeries souterraines.
Et, selon Yannick Decker, il en reste encore... pour plusieurs générations !