Une vente aux enchères rarissime dédiée à la créatrice Charlotte Perriand s'est ouverte ce vendredi 26 mai à Paris. La maison Christie's met en vente des tables, des chaises, des luminaires, issus de la station des Arcs (Savoie). L'architecte disparue il y a vingt ans est aujourd'hui célébrée comme une créatrice unique.
Des tables aux formes épurées, des bancs en bois ajourées, de simples appliques murales... Des objets du quotidien ou presque sont au centre d'une vente aux enchères exceptionnelles proposée par la maison Christie's à Paris : tous les objets portent une signature iconique, celle de Charlotte Perriand.
"Charlotte Perriand n'est plus présentée comme une designeuse ou une créatrice de mode, mais comme une artiste de son temps. Les gens recherchent ce mobilier qui a une certaine patine et une âme et posséder une des pièces de la plus grande créatrice de meuble du XXe siècle", explique Flavien Gaillard du département design chez Christies.
La plupart des objets proposés à la vente proviennent du mobilier de la station des Arcs, en Savoie, pour laquelle a longuement collaboré. Dans sa longue et prolifique carrière, l'artiste décédée en 1999 s'est passionnée pour l'architecture de montagne, par héritage familial et par passion personnelle.
"C'est la seule ville au monde où une femme est intervenue de l'urbanisme jusqu'au choix de la petite cuillère qu'il y avait dans ces studios", raconte Jacques Barsac, auteur du livre Charlotte Perriand, une architecte en montagne. Certains objets sont devenus iconiques et ont inspiré des générations de créateurs par la suite. Il faut ainsi débourser près de 80 000 euros pour une bibliothèque, 100 000 euros pour une table ou encore 5 000 euros pour un tabouret.
"On a une femme qui a conçu l'urbanisme des Arcs, qui a conçu la plupart des bâtiments. Chaque fois, elle s'associait avec un architecte d'un atelier de l'architecture en montagne", poursuit Jacques Barsac.
Un lien avec Les Arcs depuis 1967
L'idylle entre la première femme architecte reconnue mondialement et la station des Arcs s'étire sur plus de 20 ans. Elle débute en 1967, à la création de la station. Avec une idée forte : l'intégration dans la pente. D'où cet aspect penché des bâtiments. S'ils paraissent de guingois, c'est pour que chacun se retrouve sans vis-à-vis, face à la montagne. "C'est un principe de la cité-jardin. C'est-à-dire qu'on intègre les bâtiments dans un maximum de verdure. On les construit dans la pente pour éviter que les masses soient trop importantes vu des pistes", détaille Jean-Marie Chevronnet, guide conférencier.
"Le principe de Charlotte Perrand, c'est d'avoir des choses simples et efficaces et d'avoir de la poésie dans ces choses très simples", continue-t-il au sujet du mobilier d'intérieur. La créatrice a ainsi inventé une nouvelle façon d'habiter la montagne, qui se perdure encore aujourd'hui dans de nombreuses stations.