Il s'agit de l'unique église orthodoxe des deux Savoie : à Ugine, au bord de la route qui mène aux gorges de l'Arly, l'église Saint-Nicolas-Saint-Alexis est le témoignage de la présence russe dans la ville au début du XXe siècle.
La tumultueuse histoire de l'église Saint-Nicolas-Saint-Alexis rejoint l'histoire avec un grand "H". Celle de la révolution bolchevique de 1917 et des Russes blancs qui fuyaient leur pays, dont certains ont trouvés refuge. Défaits par l'armée rouge, beaucoup débarquent à Marseille avant de s'installer en Savoie.
Au total, ils seront près de 2.500 à venir travailler dans les aciéries créées par l'ingénieur suisse Paul Girod à Ugine. Ils deviennent la seconde communauté après les Italiens : "Les premiers arrivés étaient des aristocrates, rappelle Jeannine Cominazzi, guide du patrimoine Savoie-Mont Blanc. Un contingent de 800 personnes est arrivé en 1923 et l'année suivante, ils ont demandé à Paul Girod s'il avait un local à mettre à leur disposition de façon à construire une église qu'ils ont appelé eux-même leur « petite Russie d'Ugine »."
"L'église ne doit pas disparaître"
Puis les effectifs de la communauté déclinent. Un prêtre officie à l'église jusqu'en 1980 mais à sa mort, il n'est pas remplacé. Actuellement à Ugine, il ne reste qu'une trentaine de familles d'origine russe mais le souvenir de la diaspora est profondément ancré : "Mes copains d'enfance étaient Russes et Italiens. Il y avait des Waniowski, des Walczak, des Bogdanov... C'était incroyable", se souvient Jean-Louis Poulaillon, un visiteur.
En ruine, menacé de destruction, le bâtiment est restauré à partir de 2001 par l'association "La communauté russe et Ugine" : "On reste très marqués par cette histoire, l'église ne doit pas disparaître, c'est un témoignage fort", lance Jeannine Cominazzi. Prochaine occasion de venir visiter l'église : le 22 septembre pour les journées européennes du patrimoine.