Au lendemain des aveux de l'aide-soignante de la maison de retraite de Jacob-Bellecombette, sa tante confie sa tristesse. De toute évidence, après la leucémie et le décès de sa mère, la jeune femme ne supportait plus de voir les patients souffrir. Personne cependant ne soupçonnait sa détresse.
"Elle aimait beaucoup sa maman", confie la tante de Ludivine, "c'était sa confidente, elles étaient toujours main dans la main". La femme qui témoigne était la soeur de la mère de Ludivine, décédée il y a peu. "Depuis hier, je n'arrête pas de penser à ça, je pense qu'elle a dû 'disjoncter'".
"Ma soeur a beaucoup souffert", poursuit-elle, "la souffrance pour Ludivine c'était devenu quelque chose de terrible."
Ludivine Chambet a été mise en examen et écrouée, jeudi 12 décembre, pour avoir empoisonné neuf pensionnaires âgés de 76 à 93 ans, dont six mortellement, expliquant avoir voulu "soulager leurs souffrances" sans parler d'euthanasie.
Marquée par la mort de sa mère
Ludivine, qui louait un appartement à La Ravoire, près de Chambéry, était venue habiter chez ses parents à Challes-les-Eaux quand sa mère, femme de ménage, est tombée malade d'une leucémie aiguë en 2012. Après 13 mois de maladie, dont 7 mois d'hospitalisation à Grenoble, Solange est morte le 27 juin 2013 à l'âge de 62 ans.
Depuis lors, Ludivine "avait des problèmes de fatigue, elle n'arrivait pas à s'en remettre", a décrit un oncle de la suspecte interrogé par l'Agence France Presse.
Le père de Ludivine a lui aussi appris jeudi midi pourquoi les policiers étaient venus chercher sa fille deux jours plus tôt. "Depuis, il est fou. Ma femme a passé tout l'après-midi avec lui, il a pleuré tout le temps. Il a dit: 'J'ai perdu ma femme cet été et maintenant, c'est ma Lulu qui est partie!'", raconte Bernard.