VIDÉO. "Il y a toujours une notion de risque" : immersion avec les secours en montagne du PGHM de Modane

Les gendarmes du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) interviennent sur des interventions très diverses en cette fin de période hivernale. Entre avalanches, accidents de ski ou de randonnée, immersion d'une journée avec les gendarmes-secouristes de Modane, en Savoie.

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L'horloge de la base aérienne du peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Modane affiche 10h50. Le téléphone sonne. Il est l'heure de la première alerte de la journée pour les militaires. D'après les informations communiquées à distance, il s'agit d'une importante blessure en ski sur les pistes de la station des Arcs.

Un mécanisme s'installe : pendant qu'un gendarme du centre d'appel prend davantage de renseignements, les équipes s'affairent pour partir au plus vite à bord de leur hélicoptère. À Modane, petite commune de Savoie coincée entre les massifs de la Vanoise et de la Maurienne, une grande partie des interventions du PGHM se fait par voie aérienne en hiver. Un moyen beaucoup plus rapide et pratique pour rejoindre les différents domaines skiables ou les sommets reculés.

En quelques secondes, le médecin de garde évalue la gravité de la blessure. L'équipe doit vite décider s’il faut envoyer l’hélicoptère. "Les secouristes sont en train de se préparer. Le technicien est en train de faire le plein et le pilote a fait des repérages sur les lieux. L'opération est lancée", indique l'adjudant Thomas Maisonneuve. L'intervention se fera donc par voie aérienne.

Une équipe pour faire face à toutes les situations

Direction la station des Arcs, située à une cinquantaine de kilomètres à vol d'oiseau de la base du PGHM et plus de 150 kilomètres par la route. L'équipage monte à bord de l’hélicoptère Chouca 73, avec ses couleurs traditionnelles de la gendarmerie. Ils sont cinq à prendre place dans l'engin : un pilote, un mécanicien, deux gendarmes secouristes et un médecin urgentiste.

Une fois sur place, le médecin urgentiste prodigue immédiatement les premiers soins au blessé, un skieur britannique, encore désorienté par une importante chute. "C'est un trauma facial avec une fracture du nez", explique le médecin urgentiste Olivier Defranschi, qui demande ensuite à être mis en relation avec le service déchocage du centre hospitalier de Grenoble.

"Le premier geste va être de correctement évaluer et trier ce patient. C'est-à-dire qu'on va essayer d'estimer la gravité de sa blessure et de l'orienter correctement au bon endroit. Puis, nous allons surveiller son évolution au cours du trajet", poursuit le médecin urgentiste.

Pendant son évaluation, les gendarmes secouristes préparent l'évacuation de la victime. Celle-ci se fera sur un brancard. Le traumatisme crânien semble sévère. Il faut vite transporter le blessé au CHU de Grenoble, le seul du secteur à avoir un plateau de neurochirurgie.

Moins de neige, plus d'accidents ?

Ces chutes en skis marquent le quotidien du PGHM en hiver et au début du printemps. Et encore davantage avec l'accélération du réchauffement climatique, ont observé les gendarmes : "La qualité de la neige dépend des hivers que l'on a. Il peut y avoir de la neige dure sur de longues périodes où effectivement il ne neige pas, avec beaucoup de changements de températures : un coup c'est chaud, un coup c'est froid", explique le capitaine Capitaine Fabrice Rouve, commandant du PGHM de Modane.

Les changements de températures et le manque de neige rendent les conditions difficiles pour les skieurs. "Ça peut créer plus d'accidents. Mais on observe surtout que les accidents sont plus graves. Les gens peuvent dévisser sur plusieurs dizaines, voire centaines de mètres dans quelques cas", ajoute le capitaine.

Chaque secours est différent car on va rechercher des personnes blessées, qui ont besoin de nous. Ils ne peuvent pas faire autrement que d'attendre notre secours.

adjudant Michaël Pennet.

L'hélicoptère encore posé sur le toit du CHU de Grenoble, il faut déjà repartir pour les équipes de Modane. Deux interventions coup sur coup attendent les gendarmes. Dans un premier temps, il faut filer à la gendarmerie d'Aix-les-Bains pour chercher deux militaires spécialisés en plongée. Une fois récupérés, ils sont ensuite déposés, toujours à bord de Chouca 73, aux abords du lac de Tignes, où un cadavre a été signalé.

Puis, sans perdre de temps, l'hélicoptère redécolle pour se diriger vers le col du Palet pour une jeune femme en ski de randonnée victime d'une blessure au genou. La victime est rapidement prise en charge malgré des terrains qui semblent âpres, escarpés, presque inaccessibles. Ici, aucune piste d'atterrissage et des conditions parfois extrêmes.

Un engagement et "une fierté"

Il est 16h20. Nouvelle alerte. Un randonneur s’est tordu la cheville. Un sauvetage a priori facile, mais qui va exiger de la technicité. Il faut hélitreuiller la victime car Chouca 73  ne peut pas se poser dans cette zone. 

Les gendarmes et le médecin secouriste descendent attachés à une corde pour rejoindre le groupe de randonneurs. Après les premiers soins et vérifications d'usage, la victime est remontée à bord de l'hélicoptère par la même corde.

"C'est un métier difficile et exigeant. On part avec l'hélicoptère et il y a toujours une notion de risque dans nos interventions. Chaque secours est différent car on va rechercher des personnes blessées, qui ont besoin de nous. Ils ne peuvent pas faire autrement que d'attendre notre secours. C'est quand même de la fierté", réagit l'adjudant Michaël Pennet.

Un engagement nourri de fierté et de risques au quotidien pour cette unité d’élite de la gendarmerie. Les secouristes de Modane réalisent en moyenne 350 interventions chaque année.

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