Samedi 6 septembre, leur exploitation a été victime d'un incendie à Villeneuve-d'Uriage. Tout a brûlé, leur maison, leur moisson, leurs semences. "Entre nous", la rubrique des belles initiatives de France 3 Alpes, a rencontré les agriculteurs et les amis de la Ferme Pommart.
Comment se reconstruire quand on a tout perdu ? En la matière, les agriculteurs de la Ferme Pommart donnent depuis trois semaines une belle leçon de vie, de courage et d'espoir.
Dans le GAEC d'Allicoud, il y a d'abord la famille Pommart, les fondateurs de la ferme il y a 35 ans, Yvette et Alain. Puis il y a leur fils Sylvain, leurs filles, leurs gendres, leur associé Heinz, et leurs employés. Cela fait beaucoup de personnes sans toit ni ressources. Car si le licenciement économique est possible pour les salariés, pour les associés du GAEC c'est plus compliqué...
Lorsque les flammes, parties d'un four, ont ravagé l'exploitation, leur vie a tout entière été détruite. "J'aurais préféré que ma maison et mes souvenirs brûlent entièrement", confie Alain Pommart, "mais pas mes outils, pas mon travail".
Yvette Pommart est plus fataliste. Pour elle, l'important ce sont ses bêtes, cochons, poules, oies... De ce côté-là, tout va bien. "Je ne suis pas attachée au matériel" explique-t-elle. "Quand on a appelé les pompiers, je savais qu'on allait pas sauver grand'chose. Quand c'est arrivé, je me suis dit que c'était la fin de quelque chose, que c'était comme un message..."
Reportage Céline Aubert, Antoine Marnas, François Hubaud :
De leur vie, il ne reste que quelques objets, quelques meubles sauvés à la va-vite, et entreposés dans un garage prêté par la commune de Saint-Martin-d'Uriage. Chaque jour, Alain Pommart vient trier, et quelquefois, un objet se rappelle à son souvenir. A la ferme, il va très peu. Trop difficile pour lui de se rappeler l'incendie. Il a été le seul blessé, le seul brûlé le jour du drame. Mais les blessures sont bien plus profondes.
Chaque jour, les proches viennent par dizaine dans les décombres. Récupérer la ferraille pour la vendre, mettre de côté les morceaux de bois noircis... La situation est tragique, le spectacle désolant, l'odeur de blé en fermentation quasi insupportable. Mais il y a les sourires, les rires, l'amitié.
"C'est énorme, l'aide que l'on reçoit", explique Alain Pommart. "Le soir, le midi, on est invités chez des amis. Ca créé une énergie sociale, c'est important quand on a à surmonter une telle épreuve".
Au fil des jours, la solidarité s'est étendue bien au-delà du hameau de Villeneuve-d'Uriage. Les commerçants grenoblois qui vendent leurs produits et les clients fidèles se sont manifestés aussi. Pour coordonner toutes les bonnes volontés, Françoise Berthoud (amie qui les loge) et Hervé Papin (ami et adjoint à la Mairie) ont créé un blog, allicoud.fr.
L'idée est de réunir les messages de soutien, et de collecter de l'argent. Car il fera défaut. La famille Pommart n'aura certainement pas assez pour vivre et pour reconstruire pendant l'année que leur ont accordé les assurances.
Productrice bio de blé, de farine et de pain, l'exploitation est aussi renommée pour sa philosophie de vie, en harmonie avec la nature. Une maison ouverte à tous, y compris les démunis et les fragiles. Chaque semaine, Yvette Pommart recevait ainsi des personnes en situation de handicap.
"Ils nous disent merci, mais en fait c'est naturel, c'est normal de les aider", explique Hervé Papin, "parce que la ferme Pommart fait partie de nous tous".