En politique, comme sur internet, c’est connu, tous les coups sont permis. Sur twitter, des comptes anonymes raillent les candidats aux régionales, parlent en leur nom et ironisent sur leur programme. La politique par le "lol" semble aujourd'hui inévitable.
Sur twitter, le compte @lwauquiez, pourrait appartenir au maire LR du Puy-en-Velay, candidat aux élections régionales de décembre 2015. Mais à y regarder de plus près, la parodie est manifeste : sur sa photo de profil l’homme politique apparaît avec un visage hybride, un peu le sien, un peu celui de Marine Le Pen. Sa biographie, elle, affiche un évident second degré : « Rempart de l'occident contre l'assistanat et les pauvre ». Les tweets sont dans la même veine, à base de parka rouge et de blagues sexuelles, au nom de celui qui avait reconnu regarder des films pornographiques sur internet.
La célèbre parka rouge du candidat a d’ailleurs un compte dédié. Reprenant les thèmes de campagnes favoris du candidat, elle les tourne à l’absurde.
#drame je vais devoir renoncer à ma Parka Rouge au nom de la #preferenceregionale. Je viens d'appendre qu'elle venait de Chine #DirectRA
— La Parka Rouge (@laparkarouge) 15 Octobre 2015
Même recette pour @nouveausoufre, qui s’inspire du slogan de campagne de Laurent Wauquiez, « un nouveau souffle pour notre région ». Il prouve que parfois, une simple citation plus drôle qu'une caricature.
Wauquiez à « Closer » : « En politique on brasse du vent » https://t.co/UUOtEgtWmb
— nouveau souffre (@nouveausoufre) 24 Octobre 2015
En reprenant les hashtags et les thèmes de campagne des candidats, les comptes parodiques apparaissent dans les fils de recherche de leurs partisans. Ils sont légers, moqueurs, mais ils ont besoin, pour exister, de suivre de près l’actualité du candidat qu’ils attaquent. Dans ce sens, il ne s’agit pas uniquement de malveillance : c’est de la politique par l’humour et par le divertissement, outils désormais inévitables de la vie publique.
Sur la page @BoudotDesintox, la tête du candidat FN en Auvergne-Rhône-Alpes apparaît en gros plan, maladroitement collée sur le corps de Jean-Marie Le Pen, les bras en l’air. Le geste de la victoire prend des airs de guignol. Le compte affiche plus clairement que les autres son projet : « Combattre le FN en s'amusant ». Pour l’instant, pas beaucoup de désintox, qui consisterait à décrypter les éventuelles contre-vérités ou approximations prononcées par l’homme politique, comme l’avait fait Libération en mars. Il s’agit surtout de railleries sur un programme qui tarde à se faire connaître pour des élections en décembre.
Plus visibles, les grands partis sont forcément plus attaqués. Même si le PS et son candidat Jean-Jack Queyranne sont semble-t-il épargnés par les comptes parodiques. Mais le syndicat étudiant UNI, proche de l’UMP, s’est récemment moqué des rivalités internes au PS en faisant circuler sur les réseaux sociaux un faux arrêté municipal signé Gérard Collomb, maire de Lyon, avec pour objet : « Interdiction de circuler sur le territoire de la Ville de Lyon à l’exception d’un immeuble et de bureau ».