A l'occasion de la 100e édition du Tour de France, le musée Géo-Charles d'Echirolles propose un "dialogue" inattendu entre des œuvres d'art et un objet emblématique de
notre modernité, la bicyclette.
L'art et la bicyclette
"Dès son origine, explique Élisabeth Chambon, conservateur du musée Géo-Charles, la bicyclette a été adoptée par les artistes comme sujet possible notamment Henri Toulouse-Lautrec, Picasso, Fernand Léger, Marcel Duchamp. Elle reste longtemps objet plus que sujet. Malgré son aspect modeste et humble, elle occupe une place prépondérante dans l'histoire de l'art du XXe siècle. Elle a traversé tous les courants et disciplines artistiques. La fascination de la roue, la course et son courage, les histoires héroïques des coureurs suscitent l'engouement des créateurs. Les artistes se sont appropriés cette machine pour la démonter, la détourner et en faire un autre motif."
C'est ce que l'on comprend au musée Géo-Charles en ce moment et jusqu'au 3 novembre.
Mais qui était Géo-Charles?
L'enfance et l'adolescence de Géo-Charles se déroulent en Belgique. Passionné de sport, il pratique le football à L'Excelsior-Sport-Club de Bruxelles. En 1912, il arrive à Paris où il effectue un stage et continue de pratiquer le sport au Red Star. Il pratiqua aussi la boxe, la marche athlétique, le football et le cyclisme.Le sport, la littérature et l'art seront les activités principales de Géo-Charles tandis qu'il gagne sa vie comme courtier de publicité. Il fonde un cabaret littéraire et artistique "le Caméléon" où il organise des expositions, des séances et lectures littéraires.
En 1921 reparaît la revue Montparnasse. Géo-Charles participe à faire revivre cette revue modeste. En plus d'être le rédacteur en chef, il rédige des articles sur la peinture, la sculpture mais aussi le théâtre, la littérature et la musique, des poèmes dans une totale ouverture d'esprit. Elle sera publiée jusqu'en 1930 date où il se rend au Brésil avec le peintre Vicente Monteiro pour y présenter l’École de Paris.
Il publie un premier recueil de poèmes "Sports" en 1923 aux Éditions Montparnasse, salué par Jean Cocteau, Jules Supervielle et Max Jacob. Il sera lauréat du concours de littérature aux Jeux Olympiques de Paris en 1924 avec "Jeux Olympiques". Le texte fut édité en 1925 chez Gallimard orné d'un portrait de Géo-Charles par Foujita et valut à Géo-Charles une appréciation plus que flatteuse de Blaise Cendrars. Un troisième recueil "VIIIème Olympiade" consacré au sport paraîtra en 1928.
Il organisera en 1934 à la galerie Billiet à Paris la première exposition "le sport dans l'art moderne."
Entre 1930 et 1940 puis de 1945 à sa mort, Géo-Charles se consacre au journalisme et la création radiophonique. Dans "Les boxeurs" et "les Six jours", il évoque l'ambiance populaire du vélodrome mais aussi une certaine dramaturgie du sport. "La radio, écrit Géo-Charles, permet une poésie plus simple avec musique et sonorités adéquates". La matière brute que sont les bruits, les conversations, les annonces, il les transforme en leur donnant une dimension littéraire et poétique.