Une centaine de paysans et autant de brebis se trouvaient cette nuit à Paris, dans le jardin des Tuileries, pour exiger du ministère de l'Environnement des mesures concrètes pour lutter contre la prédation du loup. Ils sont rentrés ce jeudi matin, après avoir obtenu des concessions dans la nuit.
Ils venaient d'Ardèche ou bien des Alpes-Maritimes, des Pyrénées au Jura. Tous se sont déplacés à Paris, mercredi 14 décembre, pour alerter les pouvoirs publics sur la situation du pastoralisme et de l'élevage paysan. Leur ennemi commun : le loup.
J'ai vu des paysans ultra-costauds s'effondrer après une attaque.
Face à cette menace, "on est démunis" regrette Fanny Métrat, éleveuse en Ardèche. Il y a deux ans, alors qu'un loup solitaire faisait des ravages dans le département, elle a découvert dix de ses brebis mortes. Un vrai choc psychologique, pour tous ceux qui sont touchés. "J'ai vu des paysans ultra-costauds s'effondrer après une attaque" se souvient-elle.
Mais une bête tuée, c'est aussi un coût économique: entre 100 et 200 euros par brebis, sans compter celles qui s'enfuient et disparaissent, et le traumatisme que subit le reste du troupeau. Et chaque perte est difficile à remplacer, puisqu'il faut plusieurs années pour qu'une nouvelle brebis, intégrée au troupeau, devienne productive.
La surprotection des loups en question
La Confédération paysanne milite depuis plusieurs années auprès du gouvernement pour obtenir des engagements, notamment l'indemnisation de 200 paysans attaqués depuis deux ans, Autre revendication, plus controversée: la révocation du statut du loup, que les éleveurs estiment surprotégé.
Pire, ajoute-t-elle, "il y a des meutes qui sont déviantes". Dans les Alpes du Sud, par exemple, "les loups tuent les chiens de berger et les mangent."
La loi prévoit actuelllement l'abattage de 36 loups chaque année en France, mais Fanny Métrat déplore surout que ces abattages ne soient pas ciblés sur des zones précises. Surtout, elle demande comme les autres éleveurs de la Confédération Paysanne que les brigades d'intervention, gérées par l'Etat, soient renforcées sur le territiore.
Un sujet qui déchaîne les passions
C'était pour obtenir ces revendications que les éleveurs se sont rassemblés mercredi 14 décembre à Paris avec leurs brebis, "enfermés comme de dangereux terroristes" au jardin des Tuileries qu'ils souhaitaient occuper.
Mais le message passe difficilement auprès du public, où la défense des loups fait généralement l'unanimité. "On m'a déjà traitée de fasciste". Pour l'Ardéchoise, les paysans sont trois fois victimes, "face aux loups, face aux administrations, et face aux défenseurs des loups".
Des engagements du ministère de l'Environnement
Plusieurs engagements écrits ont été pris dans la nuit :
- Les mesures de protection des troupeaux seront payées et les dégâts causés par ces attaques seront indemnisés dans les prochaines semaines.
- La brigade d'intervention sera renforcée pour pouvoir agir sur tout le territiore touché par les attaques de loups.
- De nouveaux tirs de défense (faiblement létaux), et tirs de défense renforcés seront autorisés
- Des négociations seront lancées entre le Ministère de l'Environnement et la commission européenne de l'Environnement pour faire évoluer le statut du loup dans la Directive Habitat Faune Flore.