L'électricien public EDF a annoncé, ce vendredi 21 octobre, qu'il allait étaler jusqu'à la mi-janvier 2017 la fermeture temporaire de cinq réacteurs nucléaires en France demandée par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Il s'agit d'éviter une pénurie de production électrique au coeur de l'hiver.
Ces cinq réacteurs font partie des 18 réacteurs passés au crible par EDF à la suite de la détection d'une anomalie dans la composition de l'acier de leurs générateurs de vapeur, similaire à celle touchant le couvercle et la cuve de l'EPR en construction à Flamanville (Manche). Ces vérifications vont se faire sur des équipements clés susceptibles de présenter une teneur en carbone excessive.
Le Tricastin et le Bugey largement concernés par ces arrêts
Le réacteur 4 de la centrale de Tricastin (Drôme) sera arrêté dès demain, 22 octobre et le restera jusqu'au au 19 décembre."EDF poursuit les contrôles destinés à conforter la démonstration que les générateurs de vapeur du parc nucléaire concernés par la problématique de ségrégation carbone sont aptes à remplir leur fonction en toute sûreté", a indiqué le groupe dans un communiqué.
Sur les 18 réacteurs concernés, sept sont déjà à l'arrêt dont Tricastin 1 et Bugey 4 tandis que six autres ont déjà obtenu le feu vert de l'ASN pour redémarrer et "fonctionnent normalement", a-t-il précisé.
La production électrique... un monde de spéculation
La fermeture des cinq réacteurs intervient alors qu'un tiers environ du parc nucléaire d'EDF est déjà à l'arrêt, notamment pour des maintenances techniques planifiées. Ces indisponibilités ont déjà fait grimper les prix de gros de l'électricité ces dernières semaines, alors que l'atome produit environ trois quarts de l'électricité en France.
Pour éviter la répercussion de ces fermetures sur le marché de gros et "des effets spéculatifs", EDF a également demandé au gouvernement de prendre "toutes les mesures nécessaires, dans le cadre du mécanisme d'Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (Arenh), incluant, le cas échéant, la suspension temporaire du dispositif", qui oblige EDF à revendre à ses concurrents une partie de son électricité nucléaire.
La sécurité de nos centrales en question sur les ondes de France Culture
Cette semaine, l'Autorité de Sûreté Nucléaire, qui assure la sécurité de nos centrales en France, a demandé à EDF l’arrêt rapide de 5 réacteurs,après avoir détecté des anomalies sérieuses sur 4 autres réacteurs déjà l’arrêt. Au total,18 réacteurs sont surveillés car des malfaçons ont été observées.
Nos confrères de France Culture recevaient ce vendredi 21 octobre Bernard Laponche : Ancien ingénieur au CEA, physicien nucléaire, expert en politique énergétique, membre de l’association Global Chance. Il revient sur la qualité des installations nucléaires françaises.