Créée il y a moins de 10 ans en Italie par trois jeunes start-uppeurs piémontais, l'appli débarque en France depuis quelques mois. Avec la même philosophie qui en a fait une entreprise milliardaire, et la ferme intention de devenir leader du paiement par smartphone en Europe.
"Pour être tout à fait honnête, quand on a fondé Satispay il y a 10 ans, on pensait que ça irait beaucoup plus vite. On pensait vraiment qu'on en serait beaucoup plus loin que notre stade de développement actuel".
Comme ses deux compagnons d'aventure qui, il y a tout juste une décennie, ont tout fait pour que leurs rêves deviennent réalité, Alberto Dalmasso n'est pas du genre à faire dans la fausse modestie. Fondée en 2013, Satispay a beau afficher une croissance annuelle exponentielle et un titre de "licorne" (start-up valorisée à plus d'un milliard de dollars) décroché fin 2022, le bilan de 10 ans d'aventure commune reste en deçà des prévisions des 3 compères.
3 millions et demi d'utilisateurs chez 300 000 commerçants
"On a commencé par démarcher les commerçants de notre petite ville de Cuneo, près de la frontière française, pour leur faire connaître notre nouveau moyen de paiement. La première année, on a fait télécharger l'appli à à peine 15 000 clients : pensez qu'aujourd'hui, on en convint 5000 de plus... chaque jour !", se félicite Alberto dont le "graal" reste pourtant encore inaccessible : faire de Satispay le moyen de paiement numéro un en Europe.
C'est qu'après l'Italie, nos trois Piémontais (de Milan désormais puisqu'après Cuneo, ils ont émigré vers Turin, puis presqu'inéluctablement en Italie, vers la capitale économique), ont commencé à s'attaquer au reste de l'Europe. Au Luxembourg, à l'Allemagne, puis à la France depuis la mi-2022.
"En juin 2022, on a commencé à Metz, puis Thionville dans l'est de la France, puis Menton. Et d'ici le mois de mai, nous allons débarquer à Nice", explique Coline Herné, la responsable marketing française du groupe Satispay. "On reste fidèle en cela à la stratégie d'implantation qui a fait notre succès : on part ville par ville pour apprendre la logique commerciale de chaque endroit. Dès que l'on constate que l'utilisation de notre appli s'accélère, on continue notre implantation dans les villes voisines... Je peux vous dire que l'on est très optimiste pour le marché français car notre développement commence beaucoup plus fort qu'en 2015 dans le Piémont. Mais c'est normal, les Français, quand il y a une innovation à essayer, ils sont toujours assez partants."
Une appli "couteau suisse" des paiements
L'avantage de l'appli italienne, pour convaincre ses nouveaux et futurs clients français et européens, c'est assurément sa simplicité. Une fois chargé sur son smartphone, et s'être identifié grâce à un document d'identité et l'IBAN d'un compte courant, il suffit d'indiquer le montant dont on désire disposer sur l'appli.
Commerces réels ou on line, paiements entre amis, recharges de portable, factures, taxes, impôts, don à des œuvres caritatives, épargne... Rien, ni aucune somme, petite ou plus grande, ne semble être en mesure d'arrêter Satispay.
De quoi inquiéter les grands réseaux de paiements, tous made in USA ?
"Même si 90% de notre business se fait actuellement sur l'Italie", explique encore Coline, "Satispay a une énorme propension à travailler sur l'international. Le personnel qui travaille ici au siège à Milan est italien, français, autrichien, américain. On a toutes nos réunions en anglais. Davantage que l'italian ou la french touch, ici c'est plutôt l'european touch".
Satispay, futur super appli de paiement européenne, alors ? Ce qui est certain c'est qu'elle n'a pas, pour l'instant, de rivale proposant des services de paiement aussi variés. Une complexité qui a pu faire fuir nombre d'investisseurs à ses débuts, mais qui, maintenant que son statut de "licorne" est acquis, a tout pour séduire les grands acteurs de la finance et attirer à elle les capitaux nécessaires à son expansion.
"On est plutôt unique dans notre genre", confie Dario Brignone, l'âme techno parmi les 3 fondateurs de l'appli. "La plupart de nos concurrents misent sur le service. Nous, ce que l'on met au centre du système, c'est l'efficacité maximale dans le traitement des paiements. Alors, pour l'heure, comme notre cœur de métier c'est principalement de concurrencer les petits paiements en argent liquide, les géants comme Apple pay ou Visa n'ont pas peur de nous. Mais plus on va grandir, plus la compétition avec eux va se faire rude, on le sait !"