Jean-François Champollion, le célèbre déchiffreur des hiéroglyphes, a vécu à Vif près de Grenoble. La "Maison Champollion", acquise par le département de l'Isère dès 1999, n'a été ouverte au public qu'une seule année. Depuis 9 ans, les fans de l'égyptologue attendent sa réouverture. Mais quand ?
Champollion, l'Egypte et et la Gresse
Dès 1999, la "maison Champollion" est rachetée aux héritiers par le Conseil Général de l'Isère. Mais, pour des raisons techniques de sécurité, elle n'est ouverte qu'une seule année, de septembre 2004 à septembre 2005, à l'occasion exceptionnelle d'un congrès international d'égyptologie. Champollion, le déchiffreur de la fameuse pierre de Rosette, est en effet le père fondateur de cette science. En septembre 2005, la maison Champollion est officiellement fermée pour 18 mois de travaux... mais jamais rouverte depuis !
Neuf ans d'interrogations. A en croire la conseillère général du canton de Vif, Brigitte Périllié, le permis de construire aurait été refusée par le maire de l'époque, Jean Mourey. Ce dernier confirme mais ajoute : la maison se trouve en zone inondable, non loin de la rivière la Gresse. Jean Mourey aurait aussi proposé un contre-projet, mais considéré comme infaisable par les services techniques en charge du dossier. L'explication n'est pas seulement technique ou même financière. Jean Mourey fut battu aux municipales, en 2001, par Brigitte Périllié justement, et à une seule voix près. En 2008, il lui reprend la mairie de Vif. Il semble donc que les deux élus n'étaient pas vraiment sur la même longueur d'ondes, c'est le moins qu'on puisse dire !
Mais l'histoire ne s'arrête pas là... aux dernières municipales, c'est Guy Genet, l'ancien premier adjoint de Jean Mourey, qui devient maire. Cette fois, tout va mieux. Le nouveau maire et la conseillère semble s'entendre à merveille... ils ont en tout cas désormais un projet commun : rouvrir, enfin, la maison Champollion.
Reportage : Jean-Christophe Pain et Nathalie Rapuc-Mulac
Intervenants : Brigitte Périllié, conseillère générale Vif, Guy Genet maire de Vif
L'enjeu financier et commercial
Guy Genet affirme avoir déja investi 400 000 euros dans la lutte contre le risque d'inondation, qui perdure. Le maire et la conseillère estime à environ 2,5 millions le budget de rénovation de la maison elle-même, et à 500 000 euros les coûts de fonctionnemment. C'est là que le bât blesse. Qui pourra assumer cette dépense ? Impossible pour la mairie toute seule (environ 8 000 habitants) Le Conseil Général, lui, devrait disparaître d'ici 2020. Reste donc la Métro ! En tout cas, les chiffres sont là. En une seule année d'ouverture, la Maison Champollion de Vif a reçu plus de 30 000 visiteurs. Et, à Figeac, ville natale de Jean-François Champollion, l'illustre égyptologue génère toute une économie locale. De plus, Grenoble dispose de nombreux documents de valeur qui pourraient permettre de valoriser la maison de Vif.
Champollion, déchifffreur de hiéroglyphes à Vif
Le grand-père Champollion vivait à Valjouffrey dans le Valbonnais. Le père de Jean-François, Barthélémy le colporteur, parcourt la France avant de s'installer à Figeac dans les années 1770. Jean-François, lui, rejoint son grand-frère Jacques-Joseph à Vif dès l'âge de 11 ans, en 1801. Le garçon, génial mais dissipé, apprend le latin, le grec, l'arabe, le syriaque avec l'abbé Dussert qui lui transmet son goût pour l'archéologie. Jean-François va s'enflammer pour l'Egypte ancienne, sous l'égide de son frère aîné Jacques Joseph. Ce dernier s'est récemment installé dans une belle maison bourgeoise, à quelques kilomètres au Sud de Grenoble. Cette maison, c'est la dot de son épouse, Zoê Berriat, héritière d'un grande famille grenobloise.
En 1804 Jean-François entre au nouveau Lycée Impérial, aujourd'hui le lycée Stendhal. Il rencontre à Grenoble le préfet Joseph Fourier, de retour d'Egypte avec l'Empereur. En 1807, il gagne la capitale pour étudier le copte. La clé de sa future découverte. De 1809 (il n' a que 18 ans) à 1821, il est professeur d'histoire à l'Université de Grenoble. Son grand frère est alors bibliothécaire adjoint à la ville de Grenoble. Il suit Napoléon lors des Cent-Jours. A sa chute, les 2 frères doivent s'exiler à Figeac. A partir de 1822, Jean-François publie son système de déchiffrage des hiéroglyphes, une écriture " à la fois figurative, symbolique, et phonétique". De 1828 à 1830, il réalise son rêve : partir en mission en Egypte. Il meurt en 1832 à l'âge de 41 ans.
Pour en savoir plus, lisez la biographie de Jean-François Champollion signée Alain Faure. L'écrivain s'investit dans la récente association d'habitants vifois "Champollion à Vif".
"Champollion l'égyptien" - septembre 2004 - un reportage d'Isabelle Colbrant et Jean-Pierre Rivet